Dans un nouveau rebondissement du scandale de violences sexuelles qui secoue le cinéma français, l’actrice Judith Godrèche a annoncé être visée par une plainte en diffamation de la part du cinéaste Jacques Doillon, qu’elle accuse d’agression sexuelle. Une situation kafkaïenne pour celle qui avait brisé le silence en février dernier.
Une plainte qui sème le trouble
« Je n’ai pas compté le nombre de plaintes pour viols et agressions sexuelles déposées contre Jacques Doillon. Je sais bien que la mienne est prescrite. Mais sa plainte en diffamation ne l’est pas », s’est émue Judith Godrèche sur Instagram. L’actrice de 52 ans avait en effet porté plainte en février contre Jacques Doillon pour une agression sexuelle qui se serait produite lors d’essais pour un film en 1989, alors qu’elle n’avait que 15 ans. Une accusation balayée par le réalisateur, qui dénonce désormais une atteinte à sa présomption d’innocence.
Le combat d’une actrice engagée
Depuis le début de l’affaire, Judith Godrèche ne cesse de marteler son engagement pour la cause des femmes victimes d’abus dans le milieu du cinéma. Très active sur les réseaux sociaux, elle avait également accusé le réalisateur Benoît Jacquot, avec qui elle était en couple à l’époque des faits présumés, de viols répétés. Une enquête avait été ouverte par le parquet de Paris, entraînant l’audition des deux cinéastes en juillet dernier.
La mise en examen, dans ce cas, est automatique. Mais quand même…
Judith Godrèche, sur Instagram
L’affaire Doillon crée la polémique
Si l’actrice se dit « avisée » d’une probable mise en examen pour diffamation suite à la plainte de Jacques Doillon, elle regrette que celle-ci soit « automatique » compte tenu de la prescription des faits qu’elle dénonce. Une situation ubuesque selon elle, alors que sa parole, comme celle de nombreuses autres actrices, commence tout juste à se libérer.
De son côté, l’entourage de Jacques Doillon dénonce une « instrumentalisation » de la justice par les mouvements féministes, et pointe du doigt les dangers d’une « présomption de culpabilité » envers les hommes accusés. Des propos qui font écho à ceux de l’actrice Béatrice Dalle, amie du réalisateur, qui affirmait ne pas comprendre les femmes qui portent plainte des années après les faits.
Nouveau séisme post-#MeToo
Cette affaire, et les vives réactions qu’elle suscite, illustrent la profonde division qui traverse le milieu du cinéma depuis l’émergence du mouvement #MeToo. D’un côté, une prise de conscience sans précédent des violences faites aux femmes dans ce milieu très masculin. De l’autre, une levée de boucliers chez certains qui y voient une « chasse aux sorcières » menaçant la liberté de création des artistes.
Pour Judith Godrèche en tout cas, pas question de baisser les bras face à cette nouvelle épreuve. Malgré la plainte dont elle fait l’objet, l’actrice compte bien poursuivre son combat pour que la honte change enfin de camp. Un combat loin d’être terminé, cinq ans après le séisme Weinstein.