Le conflit israélo-palestinien vient de connaître un nouveau drame. Samedi, la Défense civile de la bande de Gaza a annoncé la mort de trois travailleurs humanitaires palestiniens dans une frappe israélienne sur la ville de Khan Younès, au sud du territoire. Ces trois hommes œuvraient pour l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK), déjà endeuillée par la perte de sept collaborateurs en avril dernier dans ce même conflit.
Selon un porte-parole de la Défense civile à Gaza, Mahmoud Bassal, au moins cinq personnes au total ont perdu la vie dans cette frappe aérienne qui a visé une voiture circulant sur une route principale au nord-est de Khan Younès. Les trois humanitaires « ont été touchés alors qu’ils conduisaient une jeep appartenant à WCK, malgré le fait que le véhicule était clairement identifié par le logo de l’organisation », a-t-il précisé.
L’armée israélienne affirme avoir visé un « terroriste »
De son côté, l’armée israélienne a déclaré dans un communiqué avoir mené une frappe sur « un véhicule dans lequel se trouvait un terroriste qui a participé au massacre du 7 octobre ». Elle a ajouté que « l’affirmation selon laquelle le terroriste était en même temps un travailleur de WCK est en cours d’examen ». Cependant, elle a tenu à souligner que la voiture visée était « un véhicule civil banalisé » dont le déplacement n’était pas coordonné pour le transport de l’aide humanitaire.
Un lourd tribut pour World Central Kitchen
Cette tragédie ravive le souvenir douloureux du 1er avril dernier, lorsque sept employés de WCK avaient été tués dans une série de trois frappes israéliennes sur leur convoi dans la bande de Gaza. À l’époque, l’armée israélienne avait reconnu une série d’erreurs à différents niveaux de commandement. Malgré ce drame, l’ONG avait courageusement repris ses opérations à Gaza le 28 avril, travaillant notamment avec une boulangerie du sud du territoire pour fournir quotidiennement 23 000 pains à une population durement éprouvée par plus d’un an de guerre et menacée par la famine selon l’ONU.
Une situation humanitaire critique à Gaza
Cette nouvelle frappe mortelle met en lumière la situation humanitaire désastreuse qui prévaut dans la bande de Gaza, ce petit territoire palestinien coincé entre Israël, l’Égypte et la Méditerranée. Soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans, régulièrement frappée lors des affrontements entre le Hamas et l’État hébreu, Gaza fait face à des pénuries chroniques d’eau, d’électricité, de médicaments et de denrées alimentaires. Selon les Nations Unies, près de 80% de sa population dépend de l’aide internationale pour survivre.
La bande de Gaza reste une prison à ciel ouvert, où deux millions de Palestiniens survivent tant bien que mal, pris en étau entre les restrictions israéliennes, la mauvaise gouvernance du Hamas et l’indifférence de la communauté internationale.
Un responsable onusien sous couvert d’anonymat
Dans ce contexte, le travail des ONG humanitaires comme WCK apparaît plus vital que jamais. Mais il se heurte à des risques croissants sur le terrain, comme en témoigne ce nouveau drame. Malgré les appels à la retenue lancés par l’ONU et la communauté internationale, le conflit israélo-palestinien continue de faire rage, piégeant les civils dans un cycle sans fin de violence et de souffrance.
Un processus de paix en panne
En arrière-plan de cette tragédie, c’est l’échec patent du processus de paix israélo-palestinien qui se dessine. Malgré des décennies de négociations, entrecoupées de nombreux épisodes de violences, un règlement pacifique et durable du conflit semble toujours hors de portée. Les initiatives diplomatiques se heurtent à l’intransigeance des deux camps, à la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à la division des Palestiniens entre le Fatah et le Hamas.
Pendant ce temps, ce sont les populations civiles, palestiniennes comme israéliennes, qui payent le prix fort de ce statu quo délétère. À Gaza, c’est toute une génération qui grandit sous les bombes, sans espoir d’un avenir meilleur. Une poudrière à ciel ouvert, qui menace à tout moment d’embraser à nouveau toute la région.
Face à ce constat amer, la mort de ces trois humanitaires à Gaza nous rappelle l’urgence d’une solution politique. Car sans perspective de paix, sans espoir de réconciliation, le conflit israélo-palestinien continuera de semer la mort et la désolation. Et d’emporter avec lui les vies de celles et ceux qui ont le courage de venir en aide aux plus vulnérables, dans des conditions toujours plus périlleuses.