Le président de la République Emmanuel Macron a entamé lundi une visite d’État de trois jours en Arabie Saoudite, avec l’ambition affichée de renforcer le partenariat stratégique franco-saoudien et de consolider l’influence française au Moyen-Orient. Cette visite intervient dans un contexte international tendu, marqué notamment par le récent cessez-le-feu au Liban où la France a joué un rôle diplomatique clé.
Reconstruire les liens avec l’homme fort de Ryad
L’un des principaux objectifs d’Emmanuel Macron est de renforcer les liens avec le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), l’homme fort du royaume saoudien. Malgré les critiques persistantes sur le bilan du pays en matière de droits de l’Homme, la France considère l’Arabie Saoudite comme un partenaire incontournable dans la région.
Cette visite est la troisième du président français depuis 2017, témoignant d’une « relation très dense » à laquelle MBS a aussi répondu par trois visites en France. En décembre 2021, Emmanuel Macron avait été l’un des premiers à lui rendre visite après l’affaire Khashoggi qui avait fait de MBS un paria sur la scène internationale.
Rehausser le partenariat au niveau stratégique
L’Élysée souhaite hisser la relation bilatérale au rang de partenariat stratégique pour la prochaine décennie, couvrant des domaines aussi variés que la géopolitique, la modernisation de la société et de l’économie saoudiennes, jusqu’aux secteurs d’avenir comme l’intelligence artificielle.
Selon la présidence française, il s’agit de « consolider la place de la France comme un partenaire incontournable et fiable de l’Arabie Saoudite » dans tous les domaines.
Dossiers régionaux : Liban et Iran au menu
Au-delà du partenariat bilatéral, plusieurs dossiers régionaux brûlants seront sur la table des discussions entre Emmanuel Macron et MBS :
- Liban : depuis la trêve négociée par la France et les États-Unis, Paris pousse pour une élection présidentielle rapide et un réengagement saoudien, alors que Ryad s’était désengagé face à la montée en puissance du Hezbollah.
- Iran : l’Arabie Saoudite s’est récemment rapprochée de Téhéran après des années de rivalité. La France s’intéresse au canal diplomatique saoudien avec l’Iran pour limiter l’escalade régionale.
- Conflit israélo-palestinien : la question de Gaza sera également abordée par les deux dirigeants.
Droits de l’Homme : un sujet épineux
Si la question des droits de l’Homme en Arabie Saoudite reste un point d’achoppement entre Paris et Ryad, l’Élysée assure que « l’excellence de la relation permet d’aborder tous les sujets ». Cependant, des ONG comme Human Rights Watch appellent Emmanuel Macron à ne pas fermer les yeux sur ce dossier sous prétexte de renforcer le partenariat.
« Un effort significatif en temps et en énergie » est attendu de la part de Ryad sur la question des droits humains, surtout avec la perspective de l’organisation d’événements internationaux majeurs comme l’Exposition universelle 2030 et la Coupe du monde 2034
– Rapport d’évaluation de la candidature saoudienne par la Fifa
Au programme : économie et culture
Au-delà de la diplomatie, la visite d’Emmanuel Macron sera aussi l’occasion d’avancer sur des dossiers économiques et culturels :
- Participation au One Water Summit sur la gestion de l’eau mardi à Ryad
- Visite de l’oasis et des sites archéologiques d’Al-Ula mercredi, un projet de développement touristique et culturel mondial auquel la France apporte son expertise
Cette visite d’État en Arabie Saoudite est donc un rendez-vous diplomatique de premier plan pour Emmanuel Macron qui espère redonner un nouveau souffle aux relations franco-saoudiennes et peser davantage dans les équilibres géopolitiques régionaux, malgré les zones d’ombre persistantes sur le front des libertés fondamentales dans le royaume wahhabite.
