Le 2 décembre 1959 restera à jamais gravé dans la mémoire collective comme le jour où la ville de Fréjus a été engloutie sous les eaux déchaînées du barrage de Malpasset. Cette tragédie, qui a coûté la vie à 423 personnes, a marqué un tournant dans l’histoire de la sécurité des barrages en France et dans le monde.
La Construction du Barrage de Malpasset : Un Projet Ambitieux
Construit entre 1952 et 1954, le barrage de Malpasset était un ouvrage d’art impressionnant, haut de 66 mètres et long de 223 mètres. Son objectif était de créer une réserve d’eau pour irriguer les cultures de la région, souvent touchée par la sécheresse. Le barrage-voûte, conçu par l’ingénieur André Coyne, semblait être une prouesse technique à l’époque.
Des Pluies Torrentielles et une Montée des Eaux Alarmante
Mais en cette fin d’année 1959, des pluies diluviennes s’abattent sur la région, faisant monter dangereusement le niveau de l’eau dans la retenue. La construction d’une autoroute en aval empêche tout lâcher d’eau, mettant le barrage sous une pression extrême. Le 2 décembre, à 21h13, c’est le drame : la roche sur laquelle repose le barrage cède, libérant un mur d’eau de 40 mètres de haut.
La vague aura tout emporté. Il est 21h13 ce 2 décembre 1959 quand le barrage de Malpasset se rompt, déversant dans la vallée du Reyran puis sur la ville de Fréjus 50 millions de mètres cubes d’eau.
Témoignage d’un journaliste du Figaro, le 3 décembre 1959
Le Bilan Tragique : 423 Vies Fauchées
En quelques minutes, c’est un véritable déluge qui s’abat sur la vallée du Reyran et la ville de Fréjus. Maisons, fermes, routes, voies ferrées… rien ne résiste à la puissance des flots. Le bilan est effroyable : 423 morts, dont de nombreux enfants, et des dégâts matériels considérables. La France est sous le choc.
Les Causes de la Catastrophe : une Enquête Pointe du Doigt des Défaillances
L’enquête révélera par la suite que le barrage avait été construit sur une roche trop fragile, incapable de supporter la pression de l’eau. Des fissures étaient apparues dès la mise en eau, mais elles avaient été minimisées. Cette catastrophe mettra en lumière les failles dans la conception et le suivi des grands ouvrages hydrauliques.
La rupture est la conséquence d’une sous-estimation de l’ampleur et des risques liés aux fuites qui s’étaient manifestées bien avant le drame.
Rapport d’expertise sur les causes de la rupture du barrage de Malpasset, 1960
Les Leçons de Malpasset : Vers une Meilleure Sécurité des Barrages
La tragédie de Malpasset a été un électrochoc pour les autorités et les ingénieurs. Elle a conduit à un renforcement des normes de sécurité et des contrôles sur les barrages existants et en projet. De nouvelles méthodes de calcul et de surveillance ont été développées pour prévenir de tels drames.
- Renforcement des critères de choix des sites de construction
- Amélioration des méthodes de calcul et de modélisation
- Mise en place de systèmes de surveillance et d’alerte
- Organisation régulière d’exercices de crise
Aujourd’hui encore, Fréjus porte les stigmates de cette nuit tragique. Des monuments et des plaques commémoratives rappellent le souvenir des disparus. Chaque année, la ville se recueille en mémoire des victimes, pour que jamais une telle catastrophe ne se reproduise.
Fréjus n’oubliera jamais cette nuit d’horreur. Nous avons le devoir de mémoire envers les victimes et l’obligation de tout mettre en œuvre pour que cela ne se reproduise plus.
David Rachline, maire de Fréjus, lors de la commémoration des 60 ans de la catastrophe en 2019
Le drame de Malpasset restera à jamais l’une des plus grandes catastrophes civiles du XXe siècle en France. Au-delà du bilan humain et matériel, il aura marqué un tournant dans la prise de conscience des risques liés aux grands barrages. Une leçon douloureuse mais essentielle pour la sécurité de tous.