C’est un livre qui résonne comme un cri. Un cri d’amour, de douleur mais surtout de liberté. À l’aube du 10ème anniversaire de l’attentat djihadiste qui a décimé sa rédaction, Charlie Hebdo rend un vibrant hommage à ses « disparus » à travers un ouvrage poignant intitulé « Charlie Liberté, le journal de leur vie ».
Le 7 janvier 2015, la France était sous le choc. Douze personnes dont huit membres de Charlie Hebdo étaient froidement assassinées par les frères Kouachi, vengeant ainsi les caricatures de Mahomet publiées par le journal satirique. Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski… Des noms devenus des symboles, ceux du combat pour la liberté d’expression face à l’obscurantisme.
Faire mentir les terroristes
Plus de 200 pages de dessins, de textes et de témoignages pour faire revivre ces « Charlie » tombés sous les balles de la terreur. Comme l’explique Gérard Biard, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, l’idée était de « continuer, en quelque sorte, à les faire vivre et à faire mentir les deux terroristes qui, après avoir commis leur massacre, sont sortis en criant ‘On a tué Charlie Hebdo !' »
Mais non, « ils n’ont pas tué Charlie Hebdo » martèle Biard. La preuve, le journal s’écoule encore chaque semaine à 50 000 exemplaires. Quant aux disparus, « eux non plus ne sont pas morts », leur œuvre restant d’une brûlante actualité. Car comme le souligne le rédacteur en chef, « on ne fait pas Charlie Hebdo par hasard. » C’est un engagement, celui de la liberté de ton et d’esprit face à tous les pouvoirs et tous les intégrismes.
L’emballement autour des caricatures
« Charlie Liberté » retrace aussi l’histoire d’un emballement planétaire autour de simples caricatures. Celles de Mahomet, initialement publiées en 2005 par un journal danois et reprises un an plus tard par Charlie, déclenchant la fureur du monde musulman. Une tempête que l’hebdomadaire a voulu dédramatiser avec sa une de 2006 signée Cabu, montrant le prophète débordé par les intégristes.
C’est dur d’être aimé par des cons.
Une de Charlie Hebdo en 2006, avec Mahomet
Une couverture « délibérément mal comprise » par les détracteurs du journal, selon Biard. Comme celle de janvier 2015 représentant Mahomet une pancarte « Je suis Charlie », sous le titre « Tout est pardonné ». Un pied de nez à ceux qui voulaient faire taire l’insolence, en vain.
Des commémorations sous tension
Le livre « Charlie Liberté » inaugure une série de commémorations pour les 10 ans des attentats de janvier 2015, qui ont fait 17 morts au total. Un anniversaire qui s’annonce tendu, sur fond de menaces persistantes contre le journal et de procès des complices présumés toujours en cours.
- En janvier, Charlie publiera un numéro spécial de 32 pages sur l’histoire des caricatures de Mahomet
- Le journal relaiera aussi les meilleurs dessins de son concours international sur le thème « Rire de Dieu »
- Objectif: continuer à dénoncer « l’emprise des religions » sur les libertés
10 ans après, la détermination de Charlie Hebdo reste intacte. Celle de rire de tout, de ne rien lâcher face aux fanatismes, avec l’arme de la satire. Un combat plus que jamais d’actualité, pour tous ces « Charlie » fauchés un certain 7 janvier. Pour qu’ils vivent, encore et toujours, à travers ces simples traits de crayon plus forts que les kalachnikovs.