C’était l’interview politique à ne pas manquer. Ce lundi 27 janvier, le Premier ministre François Bayrou était l’invité exceptionnel de LCI pendant près de deux heures. Face à Darius Rochebin, le locataire de Matignon a abordé sans détour tous les dossiers brûlants du moment. Du budget 2025 à l’épineuse question de l’immigration en passant par la réforme de la fin de vie, François Bayrou a livré sa feuille de route. Alors que son gouvernement doit faire face à de nombreux défis, retour sur les moments forts de cet entretien.
Un budget 2025 sous le signe de la rigueur
Avec un déficit public qui s’envole, l’équation budgétaire s’annonce compliquée pour l’exécutif. Mais François Bayrou l’assure, pas question de faire peser de nouveaux impôts sur les ménages en 2025. Le Premier ministre a également enterré définitivement le projet de suppression de 4000 postes dans l’Éducation nationale, mesure controversée imaginée sous le précédent gouvernement.
En revanche, les ministères régaliens seront préservés. Les budgets des Armées, de la Justice et de l’Intérieur ne subiront pas de coupe. François Bayrou a par ailleurs rejeté l’idée de 7 heures de travail supplémentaires non rémunérées, martelant que « tout travail mérite salaire ».
Incitations à travailler plus pour sauver les retraites ?
La réforme des retraites reste un sujet explosif. Si le Premier ministre maintient que « travailler plus est une nécessité », il plaide pour « plus de départs à la carte ». Une piste pour sauver le régime de retraite par répartition mise sur la table lors du « conclave » social lancé mi-janvier.
Je pars plus tôt avec moins, je pars plus tard avec plus.
François Bayrou, sur LCI
Immigration : François Bayrou veut des « pressions » sur les pays d’origine
Alors que son gouvernement semble divisé sur la question migratoire, François Bayrou a affiché sa fermeté. Pour lui, il faut « organiser des pressions, ouvertes ou discrètes » sur les pays d’origine pour qu’ils « reprennent leurs nationaux » visés par une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Le chef du gouvernement s’est aussi dit favorable à une restriction du droit du sol à Mayotte et en Guyane, jugeant qu’on « ne peut pas détourner notre droit fondamental pour faire de l’immigration forcée et illégale ». Une piste écartée en revanche pour la métropole.
L’immigration, une question de « proportion » pour Bayrou
Pour le locataire de Matignon, l’attitude face à l’immigration dépend de la proportion de migrants accueillis. « Dès l’instant que vous avez l’impression d’une submersion, il y a rejet », a-t-il analysé, estimant qu’en France « on s’en approche ».
Fin de vie, justice des mineurs… Les futures lois au menu
François Bayrou a confirmé que le gouvernement allait examiner une proposition de loi pour « durcir la justice des mineurs », avec des jugements « immédiatement après les faits » pour les 16-17 ans. Une loi largement inspirée des propositions de Gabriel Attal.
Autre débat sensible : la fin de vie. Malgré les réticences y compris dans son camp, le Premier ministre compte bien scinder le texte en deux, avec d’un côté les soins palliatifs et de l’autre l’aide à mourir. « Il faut pouvoir voter sur les deux questions », a-t-il plaidé.
L’aide à mourir est un débat de conscience. On touche au sens de la vie.
François Bayrou, sur LCI
« Oui » au référendum, mais pas sur l’immigration
Enfin, interrogé sur la volonté d’Emmanuel Macron de consulter les Français par référendum en 2025, François Bayrou n’y est « pas défavorable ». A une exception près : le sujet ne pourra pas porter sur l’immigration, et ce pour des raisons « constitutionnelles », a-t-il assuré.
Près de deux heures d’interview pour balayer un à un les grands chantiers de ce second quinquennat Macron. Si François Bayrou a tenté de déminer certains sujets clivants comme l’immigration, nul doute que les débats s’annoncent intenses, y compris au sein de sa propre majorité. Reste à voir désormais comment l’opinion publique accueillera ces annonces.