Depuis près d’un demi-siècle, le changement d’heure rythme nos vies, avançant nos montres au printemps et les retardant à l’automne. Pourtant, ce rituel saisonnier est de plus en plus remis en question, tant pour son impact sur notre santé que pour ses bénéfices énergétiques discutables. Malgré une volonté affichée de supprimer cette mesure, l’Europe peine à trouver un consensus, laissant présager que le prochain changement d’heure ne sera pas le dernier.
Un rituel contesté mais persistant
Instauré en France en 1976 suite aux chocs pétroliers, le changement d’heure visait initialement à réaliser des économies d’énergie. En décalant nos activités avec le lever et le coucher du soleil, on espérait réduire notre consommation d’électricité. Mais près de 50 ans plus tard, l’efficacité de cette mesure est largement remise en cause.
80% des Français souhaitent mettre fin au changement d’heure.
– Consultation citoyenne de l’Assemblée nationale, mars 2019
Au-delà de son impact énergétique discutable, c’est surtout pour ses effets sur notre santé que le changement d’heure est décrié. Perturber brutalement notre rythme circadien peut entraîner fatigue, troubles du sommeil, baisse de vigilance… Des effets particulièrement marqués chez les enfants et les personnes fragiles.
L’Europe divisée sur la question
Face à ces constats, l’Union européenne a proposé en 2018 de supprimer le changement d’heure, laissant chaque État membre choisir de conserver l’heure d’été ou l’heure d’hiver de façon permanente. Mais cette apparente liberté cache en réalité un casse-tête pour l’Europe.
Car si chaque pays fait son choix individuellement, c’est toute l’harmonisation européenne qui risque d’en pâtir. Avec potentiellement une multiplication des fuseaux horaires au sein de l’Union, compliquant les échanges économiques et la vie des travailleurs transfrontaliers. Un scénario qui inquiète de nombreux États membres.
Un processus au point mort
Malgré l’engouement initial suscité par la proposition européenne et une consultation citoyenne massivement favorable à la fin du changement d’heure, le processus est aujourd’hui dans l’impasse. Les négociations entre États membres piétinent, la crise sanitaire ayant relégué le sujet au second plan.
Résultat, le prochain passage à l’heure d’hiver fin octobre ne sera pas le dernier, loin s’en faut. Et rien ne dit que les Européens se réveilleront un jour dans un monde débarrassé de ce rituel saisonnier, tant les obstacles à sa suppression semblent nombreux.
Le changement d’heure, vestige d’une époque où les économies d’énergie primaient sur le bien-être, semble avoir encore de beaux jours devant lui. Une persistance qui en dit long sur la difficulté à remettre en cause nos habitudes, même lorsqu’elles sont contestées. Et qui nous rappelle que le temps, plus que jamais, reste un enjeu politique majeur.
