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Haïti : Gangs et Violences Contre les Enfants à l’Honneur

En Haïti, la coalition Viv Ansanm est épinglée par l’ONU pour des abus contre les enfants. Meurtres, viols, recrutements : jusqu’où ira l’escalade de la violence ?

Imaginez un pays où les enfants, au lieu de jouer ou d’apprendre, sont recrutés par des gangs, victimes de violences inimaginables ou témoins d’attaques contre leurs écoles. Ce cauchemar est la réalité quotidienne en Haïti, où la coalition de gangs Viv Ansanm fait désormais partie de la sinistre « liste de la honte » de l’ONU. Ce classement, révélé dans le dernier rapport annuel du secrétaire général, met en lumière une crise humanitaire alarmante, où les droits des plus jeunes sont bafoués à une échelle sans précédent. Comment en est-on arrivé là, et quelles sont les conséquences pour les générations futures ?

Une Crise Humanitaire d’une Ampleur Inédite

Haïti, nation déjà marquée par une pauvreté extrême et une instabilité politique chronique, traverse une période particulièrement sombre. En 2024, la violence des gangs a atteint des sommets, touchant directement les plus vulnérables : les enfants. Selon les chiffres officiels, pas moins de 2 269 violations graves contre 1 373 mineurs ont été recensées cette année-là, soit une augmentation stupéfiante de 490 % par rapport à 2023. Ces chiffres placent Haïti parmi les cinq pays les plus touchés par les abus contre les enfants dans les zones de conflit.

Ce n’est pas une simple statistique. Derrière ces nombres se cachent des histoires déchirantes : des enfants tués, mutilés, enlevés, ou encore victimes de violences sexuelles. La coalition Viv Ansanm, qui domine la scène criminelle haïtienne, est au cœur de cette tragédie. Mais qu’est-ce qui rend ce groupe si redoutable, et pourquoi son inscription sur la liste de l’ONU marque-t-elle un tournant ?

Viv Ansanm : Une Alliance Brutale et Croissante

Formée au printemps 2024 à partir de l’union des coalitions rivales G9 et G-Pèp, Viv Ansanm – qui signifie ironiquement « Vivre ensemble » – s’est imposée comme la force criminelle la plus puissante d’Haïti. Ce regroupement, initialement créé pour renverser l’ancien Premier ministre, a rapidement étendu son emprise en absorbant des gangs plus petits. Cette expansion a amplifié sa capacité à semer la terreur, avec des conséquences dramatiques pour les enfants du pays.

Le rapport de l’ONU détaille les exactions commises par ce groupe : recrutement forcé d’enfants, meurtres, mutilations, viols, et attaques contre des infrastructures essentielles comme les écoles et les hôpitaux. Ce n’est pas un simple gang de rue, mais une organisation structurée, capable de défier l’autorité de l’État et d’instaurer un climat de peur généralisé.

« Je suis profondément alarmé par la hausse des violations graves, en particulier le nombre de cas de recrutements et d’utilisations, de violences sexuelles, d’enlèvements et de refus d’accès humanitaire de la part des gangs armés. »

Secrétaire général de l’ONU

Les Enfants, Victimes d’une Violence Inouïe

Les chiffres sont glaçants. En 2024, l’ONU a documenté 213 enfants tués et 138 blessés dans des actes de violence directement liés aux gangs. Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Parmi les violations les plus choquantes figurent 566 cas de violences sexuelles, dont 406 viols et 160 viols collectifs. Ces actes, souvent perpétrés avec une brutalité inouïe, laissent des cicatrices physiques et psychologiques indélébiles sur les victimes.

Le recrutement d’enfants par les gangs est une autre facette tragique de cette crise. En 2024, 302 mineurs ont été enrôlés de force, souvent utilisés comme combattants, porteurs ou espions. Ces enfants, parfois âgés de moins de 10 ans, sont arrachés à leurs familles et plongés dans un monde de violence et de peur. Les écoles, qui devraient être des refuges, ne sont pas épargnées : des dizaines d’établissements ont été attaqués, privant les enfants d’éducation et de sécurité.

Les chiffres clés de la crise en Haïti (2024)

  • 2 269 violations graves contre 1 373 enfants
  • 213 enfants tués
  • 138 enfants blessés
  • 566 cas de violences sexuelles (406 viols, 160 viols collectifs)
  • 302 enfants recrutés par les gangs
  • Dizaines d’attaques contre écoles et hôpitaux

Pourquoi Haïti est-elle dans cette Spirale ?

Pour comprendre l’ampleur de cette crise, il faut se pencher sur le contexte haïtien. Pays le plus pauvre des Amériques, Haïti souffre d’une instabilité politique chronique, aggravée par des catastrophes naturelles et une gouvernance fragile. Depuis des décennies, les gangs ont comblé le vide laissé par un État affaibli, contrôlant des quartiers entiers et défiant les forces de l’ordre. L’année 2024 a marqué une nouvelle escalade, avec une violence qui s’est intensifiée depuis le début de l’année.

La coalition Viv Ansanm incarne cette montée en puissance. En unissant des factions autrefois rivales, elle a créé une force quasi militaire, capable d’imposer sa loi dans de vastes zones du pays. Cette situation rend l’accès humanitaire extrêmement difficile, limitant la capacité des organisations à recueillir des données précises ou à apporter une aide concrète.

Un responsable de l’ONU, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a qualifié la situation de « suffisamment horrible » pour que, même avec des informations partielles, les chiffres soient déjà terrifiants. Ce constat souligne l’urgence d’une action internationale pour protéger les enfants haïtiens.

L’ONU et sa « Liste de la Honte » : Un Signal d’Alarme

L’inscription de Viv Ansanm sur la « liste de la honte » de l’ONU est une première pour un groupe opérant en Haïti. Ce classement, qui recense les entités responsables de violations graves contre les enfants dans les zones de conflit, vise à attirer l’attention internationale sur les pires abus. Il inclut des actes comme les meurtres, les mutilations, les enlèvements, les violences sexuelles, le recrutement d’enfants soldats et les attaques contre les infrastructures civiles.

Ce rapport, publié chaque année, couvre une vingtaine de zones de conflit à travers le monde. En plaçant Haïti sous les projecteurs, il met en évidence l’urgence d’une réponse globale. Mais cette inscription est-elle suffisante pour changer la donne ?

Quelles Solutions pour Protéger les Enfants Haïtiens ?

Face à une crise d’une telle ampleur, les solutions ne sont ni simples ni immédiates. La lutte contre les gangs nécessite une approche multidimensionnelle, combinant renforcement de la sécurité, aide humanitaire et reconstruction des institutions étatiques. Les organisations internationales appellent à une mobilisation accrue pour protéger les enfants, notamment par le biais de programmes éducatifs et de soutien psychologique pour les victimes.

Pourtant, les obstacles sont nombreux. L’insécurité limite l’accès des ONG aux zones les plus touchées, tandis que le manque de ressources entrave les efforts de reconstruction. De plus, la méfiance envers les institutions, tant locales qu’internationales, complique la mise en œuvre de solutions durables.

Défi Solution potentielle
Violence des gangs Renforcement des forces de sécurité et coopération internationale
Recrutement d’enfants Programmes de réinsertion et éducation
Violences sexuelles Soutien psychologique et justice pour les victimes
Attaques contre écoles Protection des infrastructures et accès à l’éducation

Un Avenir Incertain pour Haïti

La situation en Haïti est un cri d’alarme pour la communauté internationale. Les enfants, qui représentent l’avenir du pays, sont les premières victimes d’une violence qui semble hors de contrôle. L’inscription de Viv Ansanm sur la liste de l’ONU est un premier pas vers une prise de conscience mondiale, mais elle ne suffira pas à elle seule à inverser la tendance.

Pour que le changement soit possible, il faudra une volonté politique forte, tant au niveau national qu’international, ainsi qu’un engagement à long terme pour reconstruire un pays déchiré par des décennies de crises. Les enfants d’Haïti méritent un avenir où ils pourront grandir en sécurité, apprendre et rêver sans crainte. La question reste : qui relèvera ce défi ?

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