La guerre en Syrie connaît un nouveau tournant alors que les rebelles islamistes, dont certains sont proches de la Turquie, ont réussi à prendre le contrôle de plusieurs quartiers de la ville d’Alep. Cette avancée, la première de cette ampleur depuis 2016, fait craindre à la population un retour des affrontements dans la seconde ville du pays.
Une offensive bien préparée
D’après des sources concordantes, cette vaste offensive a été minutieusement planifiée par les groupes rebelles. Rassemblés autour des djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, un ex-groupe affilié à Al-Qaïda, et de factions alliées, ils ont lancé leur assaut mercredi depuis leur bastion d’Idlib.
Leur stratégie semble avoir été de profiter de l’engagement du Hezbollah libanais, soutien crucial du régime de Bachar el-Assad, dans les combats qui l’opposent actuellement à Israël au Liban et en Syrie. Accaparé par ce front, le mouvement chiite aurait ainsi délaissé la défense d’Alep.
Une résistance limitée des forces loyalistes
Face à cette offensive, les forces du régime syrien semblent avoir eu du mal à contenir l’avancée des rebelles. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), elles « n’ont pas opposé de grande résistance », se contentant de quelques combats sporadiques.
Les rebelles sont entrés dans les quartiers ouest et sud-ouest d’Alep. Ils ont ensuite pris le contrôle de cinq quartiers.
Rami Abdel Rahman, directeur de l’OSDH
La crainte d’un retour de la guerre
Pour les habitants d’Alep, qui avaient retrouvé un semblant de normalité depuis la fin des combats fin 2016, c’est la consternation. Beaucoup redoutent de revivre le cauchemar des affrontements et des bombardements incessants.
Des scènes de panique ont été rapportées dans certains quartiers, des familles cherchant à fuir au plus vite. Les souvenirs douloureux de la bataille d’Alep, qui avait fait des milliers de victimes, sont encore vifs dans les mémoires.
Un coup dur pour le régime syrien
Si elle se confirme, la prise de contrôle d’une partie d’Alep constituerait un revers majeur pour le régime de Bachar el-Assad. La ville, principal centre économique de Syrie avant la guerre, revêt une importance stratégique et symbolique.
Depuis Damas, le pouvoir syrien n’a pas encore réagi officiellement. Mais selon des analystes, cette nouvelle donne pourrait l’obliger à redéployer une partie de ses forces vers le nord, au détriment d’autres fronts.
La Turquie en embuscade
En arrière-plan, la Turquie observe avec attention l’évolution de la situation. Ankara, qui soutient depuis le début du conflit syrien certains groupes rebelles, dont des factions islamistes, pourrait être tentée de profiter de cette brèche pour accroître son influence.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui rêve de créer une « zone de sécurité » le long de sa frontière en territoire syrien, y voit peut-être une opportunité. Mais une telle intervention risquerait de déstabiliser encore davantage une région déjà à vif.
Inquiétude de la communauté internationale
Au-delà de la Syrie, c’est toute la communauté internationale qui suit avec préoccupation ce regain de tensions. Après des années de guerre, beaucoup espéraient une stabilisation progressive du pays. Cette nouvelle offensive rebelle vient doucher ces espoirs.
L’ONU a appelé toutes les parties à la « retenue » et au respect du droit humanitaire international. Mais dans le chaos syrien, où les intérêts des puissances régionales et mondiales s’entrechoquent, cet appel a peu de chances d’être entendu.
La guerre en Syrie, qui a déjà fait plus de 500 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés depuis 2011, est peut-être en train d’écrire un nouveau et sombre chapitre. Les civils d’Alep, une fois de plus, risquent d’en payer le prix fort.