Alors que l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur fait trembler les agriculteurs français, ces derniers ne baissent pas les bras. Réunis sous la bannière de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, ils ont mené une nouvelle action coup de poing ce mercredi devant le Parlement européen à Strasbourg. Leur mot d’ordre : « Stop Mercosur » !
Un accord jugé « obsolète, anachronique et inacceptable »
Pour Patrick Benezit, éleveur bovin et vice-président de la FNSEA, cet accord est un véritable « désastre » à l’heure où chaque bloc économique cherche à préserver sa souveraineté. Il dénonce l’entêtement de la Commission européenne à faire passer ce texte alors même que les États-Unis de Donald Trump dressent des barrières douanières pour protéger leur économie.
« Nous comptons sur un sursaut des responsables politiques et des États. On ne peut plus laisser faire ces gens-là, ils mettent à mal notre souveraineté alimentaire. C’est une faute politique et une erreur pour l’avenir de l’Europe »
Patrick Benezit, vice-président de la FNSEA
Une mobilisation transpartisane au Parlement européen
Face à cet accord controversé, les eurodéputés de tous bords politiques se sont succédé à la tribune pour appeler à constituer une « minorité de blocage » au Conseil européen. La France et la Pologne ont d’ores et déjà exprimé leur opposition, mais il faudra au moins 4 États représentant 35% de la population européenne pour stopper le processus. L’Autriche, les Pays-Bas, l’Irlande et l’Italie ont également fait part de leurs réticences.
« Nous sommes pour la souveraineté de nos nations, pour la souveraineté alimentaire. Nous n’allons rien céder, pas un millimètre »
Roberto Vannacci, eurodéputé italien du groupe des Patriotes pour l’Europe
La difficile quête d’une majorité au Parlement européen
Mais au-delà du Conseil, c’est aussi au Parlement européen que se jouera le sort de l’accord Mercosur dans un second temps. Et là, les opposants cherchent à constituer une alliance majoritaire transcendant les clivages politiques traditionnels. Un véritable casse-tête, comme l’explique Céline Imart, exploitante céréalière et eurodéputée du Parti populaire européen :
« Sur le Mercosur, la majorité ne va pas se construire en fonction des groupes politiques : tous les groupes sont divisés en interne. Ça se joue par pays. Il y a une unanimité française, mais quand vous expliquez à un Chypriote ou un Suédois que l’agriculture c’est très important chez vous, chez eux ce n’est pas pareil. »
Céline Imart, eurodéputée du PPE
Une analyse partagée par Gilles Pennelle, eurodéputé RN membre du groupe des Patriotes pour l’Europe. Selon lui, même si Céline Imart est personnellement opposée à l’accord, son président de groupe, l’Allemand Manfred Weber, et la majorité des députés PPE voteront pour. « Donc aujourd’hui la bataille n’est pas gagnée », prévient-il.
Une lutte acharnée pour la souveraineté alimentaire européenne
Au-delà des joutes parlementaires, c’est tout un modèle agricole et alimentaire qui est en jeu avec cet accord commercial. Pour les agriculteurs français et leurs soutiens, il en va de la préservation d’une agriculture de qualité, respectueuse de l’environnement et garante de l’indépendance alimentaire du Vieux continent face à la concurrence déloyale des géants sud-américains.
Une lutte à laquelle ils sont déterminés à ne rien céder, pas un hectare, pas un élevage. Quitte à maintenir la pression, tracteur et fourche en main, devant les institutions européennes. La bataille du Mercosur ne fait que commencer, mais elle promet d’être longue et incertaine. L’avenir de la souveraineté alimentaire européenne en dépend.