Le paysage politique français est en ébullition depuis l’adoption d’une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier mercredi dernier à l’Assemblée nationale. Dans ce contexte de crise, une figure emblématique de la gauche française voit l’opportunité de relancer sa carrière : Ségolène Royal.
Ségolène Royal se porte candidate à Matignon
L’ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007 n’a pas tardé à réagir après le renversement du gouvernement. Invitée mercredi soir sur BFMTV, Ségolène Royal a indiqué avoir écrit au président Emmanuel Macron pour lui faire part de sa « disponibilité » pour prendre la tête d’un nouveau gouvernement.
Une candidature qui ne figure pas parmi les favoris, mais que l’ex-ministre de l’Environnement entend bien défendre. Selon elle, le prochain locataire de Matignon devra être issu « de la gauche, expérimenté et rassembleur », capable de former un « gouvernement élargi » reflétant le « front républicain » exprimé lors des dernières élections législatives.
Un tacle appuyé à Bayrou et Lecornu
Ségolène Royal en a également profité pour écarter l’hypothèse d’une nomination à Matignon de figures macronistes comme François Bayrou ou Sébastien Lecornu, jugeant cette option « extravagante ». Elle a mis en garde : si le choix d’Emmanuel Macron se porte à nouveau sur un Premier ministre issu « d’un parti qui a perdu les élections, ça fragilisera le président de la République ».
« Si une deuxième fois, la même erreur est faite de prendre un Premier ministre issu d’un parti qui a perdu les élections, ça fragilisera le président de la République. »
– Ségolène Royal, sur BFMTV
Une nouvelle chance pour Ségolène Royal ?
La candidature de Ségolène Royal est loin de faire l’unanimité, y compris dans son camp. Beaucoup à gauche voient d’un mauvais œil ce qui est perçu comme un énième retour de l’ancienne présidente de Poitou-Charentes, dont la carrière semblait sur le déclin ces dernières années.
Mais l’intéressée veut croire en ses chances. Pour elle, la situation politique actuelle appelle des « personnalités d’expérience », capables d’incarner un « rassemblement de la gauche » et de « dialoguer avec les autres forces politiques ». Un profil dans lequel elle estime parfaitement s’inscrire.
Macron face à un choix crucial
Emmanuel Macron va devoir trancher rapidement. Le chef de l’État recevra jeudi matin la démission de Michel Barnier, avant d’entamer des consultations pour lui trouver un successeur.
Le temps presse, car le président ne dispose que de 48 heures pour nommer un nouveau Premier ministre. Un choix déterminant, qui donnera le ton de la suite du quinquennat et des futures échéances électorales.
Ségolène Royal, une carte à jouer pour Macron ?
Dans ce contexte, la candidature de Ségolène Royal pourrait se révéler une option intéressante pour Emmanuel Macron. Nommer une personnalité de gauche expérimentée à Matignon lui permettrait d’incarner une forme « d’ouverture » et de répondre à la demande d’un « gouvernement de rassemblement » exprimée par de nombreux Français.
Cela constituerait aussi un geste fort en direction de l’électorat de gauche, avec lequel le président entretient des relations compliquées depuis le début de son mandat. Un calcul politique risqué, mais qui pourrait s’avérer payant dans la perspective de la présidentielle de 2027.
Ségolène Royal remet une pièce dans la machine
En se portant candidate à Matignon, Ségolène Royal joue un nouveau coup politique audacieux, elle qui semblait progressivement s’éloigner de la vie publique ces dernières années. Celle qui fut la première femme finaliste d’une élection présidentielle en France veut ainsi prouver qu’elle reste une femme politique de premier plan, incontournable à gauche.
Sa démarche s’inscrit aussi dans le contexte d’une gauche en pleine recomposition, marquée par la percée de la NUPES aux dernières élections et la perte d’influence des partis traditionnels comme le PS. En se positionnant comme une figure « expérimentée et rassembleuse« , Ségolène Royal cherche à incarner une alternative crédible.
Quelle suite pour Royal et la gauche ?
L’avenir nous dira si la tentative de Ségolène Royal est couronnée de succès. Même si sa nomination apparaît peu probable à ce stade, sa candidature bouscule encore un peu plus le paysage politique et relance les spéculations sur l’après-Barnier.
Plus largement, la séquence illustre les interrogations qui traversent la gauche française, tiraillée entre aspirations au renouvellement et tentation du retour aux figures historiques. Les prochains jours, avec le choix du nouveau Premier ministre, donneront un premier élément de réponse sur la stratégie d’Emmanuel Macron et les perspectives futures pour la gauche.
Une chose est sûre : même éloignée du pouvoir, Ségolène Royal n’a pas dit son dernier mot et compte bien peser sur les débats politiques des mois à venir. Réussira-t-elle son pari ? Réponse dans les prochains jours…