Il y a des joueurs qui marquent un sport non seulement par leurs résultats, mais par l’émotion qu’ils suscitent. Richard Gasquet, avec ses 21 participations à Roland-Garros et ses 1018 matchs sur le circuit professionnel, est de ceux-là. À 38 ans, le Biterrois a disputé en 2024 son dernier match face à Jannik Sinner, numéro 1 mondial, sur la terre battue parisienne. Mais quels sont les moments qui ont défini sa carrière ? Voici un voyage à travers 10 rencontres inoubliables qui racontent l’histoire d’un joueur au revers légendaire.
Une Carrière au Service de la Passion
Richard Gasquet, c’est avant tout une longévité exceptionnelle. Entré sur le circuit en 2002 à seulement 15 ans, il a gravi les échelons pour devenir l’un des visages du tennis français. Avec 16 titres, trois demi-finales en Grand Chelem et plus de 600 victoires, son parcours est une ode à la persévérance. Mais au-delà des chiffres, c’est son amour du jeu, son revers à une main et son élégance sur le court qui ont séduit les fans. Plongeons dans les matchs qui ont fait de lui une légende.
2002 : Premiers Pas à Monte-Carlo
À seulement 15 ans et 10 mois, Richard Gasquet entre dans l’histoire à Monte-Carlo. Face à l’Argentin Franco Squillari, 54e mondial et demi-finaliste à Roland-Garros 2000, le jeune prodige s’impose 7-6, 3-6, 7-5. Ce succès fait de lui le plus jeune joueur à remporter un match en Masters 1000. Un exploit qui annonce une carrière prometteuse.
« À 15 ans, je jouais sans pression, juste pour le plaisir. Gagner à Monte-Carlo, c’était un rêve. »
Richard Gasquet, 2002
Ce premier match n’est pas seulement une victoire : il révèle un talent brut, capable de rivaliser avec des joueurs chevronnés. Gasquet devient instantanément l’espoir du tennis tricolore.
2005 : L’Exploit Face à Federer
Avril 2005, Monte-Carlo. Gasquet, alors 101e mondial, affronte Roger Federer, numéro 1 mondial et quadruple vainqueur en Grand Chelem. Mené 6-7, il sauve trois balles de match et s’impose 6-2, 7-6 (10-8) avec un passing de revers légendaire. Cette victoire, la seule de sa carrière face à un numéro 1, marque un tournant.
Ce duel face à Federer montre que Gasquet peut rivaliser avec les meilleurs. Son jeu fluide et son mental d’acier captivent déjà les observateurs.
2005 : Premier Titre à Nottingham
Le 18 juin 2005, jour de ses 19 ans, Gasquet soulève son premier trophée à Nottingham. Face à Max Mirnyi, il s’impose 6-2, 6-3 dans une finale maîtrisée. Le public, conquis, entonne un Happy Birthday pour célébrer l’éclosion du jeune Français.
Ce titre symbolise l’entrée de Gasquet dans la cour des grands. Il prouve qu’il peut non seulement gagner des matchs, mais aussi des tournois.
2007 : Retournement Épique à Wimbledon
En quart de finale de Wimbledon 2007, Gasquet affronte Andy Roddick, ancien finaliste du tournoi. Mené deux sets à rien et 4-2 dans le troisième, il renverse la situation (4-6, 4-6, 7-6, 7-6, 8-6) grâce à 64 coups gagnants et un revers magique. Ce match reste l’un des plus grands exploits de sa carrière.
- Clé du match : Gasquet a su rester patient, enchaînant les passings pour déstabiliser Roddick.
- Statistique marquante : Seulement 16 fautes directes, une performance rare face à un serveur comme Roddick.
Malgré une défaite au tour suivant face à Federer, ce match montre la capacité de Gasquet à briller sur gazon, une surface exigeante.
2010 : Renaissance à Nice
Après une période sombre marquée par des blessures et une suspension en 2009, Gasquet renaît à Nice en 2010. En finale face à Fernando Verdasco, il revient de 4-1 dans le troisième set pour s’imposer 6-3, 5-7, 7-6. Ce titre, après trois ans de disette, est une bouffée d’oxygène.
« Ce titre, c’était comme repartir de zéro. J’avais besoin de ça pour me retrouver. »
Richard Gasquet, 2010
Ce sacre illustre la résilience de Gasquet, capable de surmonter les épreuves pour revenir au premier plan.
2013 : Cœur Brisé à Roland-Garros
En 2013, Gasquet livre un combat épique face à Stan Wawrinka en huitièmes de finale de Roland-Garros. Après avoir remporté les deux premiers sets (7-6, 6-4), il s’incline 4-6, 5-7, 6-8 après 4h15 de jeu. Cette défaite, cruelle, symbolise ses difficultés à franchir les huitièmes en Grand Chelem.
Ce match reste un moment fort de sa carrière, malgré la défaite. Il montre sa combativité sur la terre battue parisienne, son jardin.
2013 : Demi-Finale à l’US Open
Quelques mois plus tard, Gasquet brille à l’US Open. En quart de finale, il domine David Ferrer (6-3, 6-1, 4-6, 2-6, 6-3), contre qui il avait perdu 8 de ses 9 derniers matchs. Ce succès, après un marathon de 4h40 face à Raonic, le propulse en demi-finale, une première depuis 2007.
Adversaire | Résultat | Durée |
---|---|---|
Milos Raonic | Victoire | 4h40 |
David Ferrer | Victoire | 3h30 |
Rafael Nadal | Défaite | 2h30 |
Malgré une défaite face à Nadal en demi-finale, cet US Open 2013 reste un sommet de sa carrière.
2015 : Retour en Force à Wimbledon
En 2015, Gasquet signe une nouvelle performance mémorable à Wimbledon. Face à Stan Wawrinka, récent vainqueur de Roland-Garros, il s’impose 6-4, 4-6, 3-6, 6-4, 11-9 après 3h28 de combat. Ce match, marqué par un cinquième set haletant, le ramène en demi-finale, huit ans après son premier exploit.
Ce succès face à un joueur au sommet confirme que Gasquet reste un compétiteur redoutable, même à 29 ans.
2014 : La Désillusion en Coupe Davis
En finale de la Coupe Davis 2014, Gasquet affronte Roger Federer dans un match décisif. Dépassé par le rythme du Suisse (6-4, 6-2, 6-2), il vit une immense déception devant 27 000 spectateurs. Cette défaite, qu’il décrira comme une « branlée », reste un moment douloureux de sa carrière.
« Ne pas avoir donné d’émotion au public, ça m’a beaucoup affecté. »
Richard Gasquet, À revers et contre tout, 2022
Ce revers montre la difficulté de Gasquet à briller dans les moments clés face aux légendes du jeu.
2023 : Dernier Éclat à Auckland
À 36 ans, Gasquet surprend le monde du tennis en remportant le tournoi d’Auckland face à Cameron Norrie (4-6, 6-4, 6-4). Mené 4-1 dans le troisième set, il renverse la situation pour s’offrir son 16e titre, le premier depuis 2018. Ce sacre lui permet de redevenir numéro 1 français.
- Tournant : Gasquet retrouve son niveau de jeu à un âge où beaucoup ont raccroché.
- Impact : Il redevient numéro 1 français, à la 42e place mondiale.
Ce titre prouve que Gasquet, même en fin de carrière, reste capable de créer la surprise.
Un Héritage au-delà des Victoires
Richard Gasquet n’est pas seulement un joueur de chiffres. Ses 1018 matchs, ses 16 titres et ses trois demi-finales en Grand Chelem ne racontent qu’une partie de l’histoire. Ce qui définit Gasquet, c’est sa passion, son revers à une main et sa capacité à émouvoir les foules. À Roland-Garros 2024, face à Sinner, il a peut-être joué son dernier match, mais son héritage perdurera.
Gasquet a inspiré une génération de joueurs et de fans. Son style, élégant et audacieux, restera dans les mémoires comme un symbole du tennis à la française.
Pourquoi Gasquet Fascine-t-il Toujours ?
Gasquet n’a jamais remporté de Grand Chelem, mais il a su conquérir les cœurs. Son jeu, basé sur la finesse et l’instinct, contraste avec la puissance brute de ses contemporains. Voici pourquoi il reste une icône :
- Style unique : Son revers à une main est considéré comme l’un des plus beaux du circuit.
- Résilience : Malgré les blessures et les controverses, il est toujours revenu.
- Passion : Jusqu’à son dernier match, il a joué pour le plaisir.
Sa carrière est une leçon : le talent brut, combiné à une passion indéfectible, peut défier le temps.
Un Adieu Émouvant à Roland-Garros
En mai 2024, Gasquet dispute son 21e Roland-Garros. Face à Jannik Sinner, il livre un dernier combat, porté par un public acquis à sa cause. Même dans la défaite, il laisse une trace indélébile. Comme il l’a dit lui-même : « Je suis encore joueur de tennis. »
« J’ai grandi en le regardant jouer. »
Carlos Alcaraz, à propos de Gasquet, 2024
Cet hommage d’Alcaraz résume l’impact de Gasquet : un joueur qui a inspiré, des plus jeunes aux plus grands.
Richard Gasquet a écrit une page majeure du tennis français. De Monte-Carlo 2002 à Roland-Garros 2024, ses matchs racontent une histoire de talent, de résilience et d’amour du jeu. Quels souvenirs garderez-vous de lui ?