Alors que le procès des assistants parlementaires européens du Front National (rebaptisé Rassemblement National) se poursuit à Paris, tous les regards sont tournés vers Marine Le Pen. L’ancienne présidente du parti d’extrême-droite française est attendue à la barre ce mardi pour un ultime interrogatoire. Au cœur des débats : le système présumé de détournement de fonds publics qui aurait permis au FN de rémunérer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen entre 2004 et 2016.
Marine Le Pen nie toute illégalité malgré les accusations
Lors de son premier interrogatoire mi-octobre, Mme Le Pen a fermement nié avoir commis quoi que ce soit d’illégal, affirmant que les assistants qu’elle avait embauchés en tant que députée européenne avaient réellement travaillé pour elle. Une ligne de défense partagée par les huit autres ex-eurodéputés du FN et les douze assistants parlementaires également jugés pour détournement et recel de fonds publics.
Mais l’accusation, elle, est convaincue que Marine Le Pen était l’une des principales responsables de ce “système” visant à soulager les finances du parti. Selon des témoignages recueillis pendant l’enquête, elle aurait annoncé lors de deux réunions en 2014 que les nouveaux eurodéputés FN n’auraient droit qu’à un seul assistant, le reste de leur enveloppe budgétaire devant revenir au Front National.
Un témoin clé décrit une “gestion centralisée” des assistants
Charles Van Houtte, un comptable belge employé par le parti et considéré comme la “cheville ouvrière” du système par l’accusation, a livré un témoignage édifiant lors de son audition lundi. Il a expliqué n’avoir fait que suivre les instructions de sa hiérarchie :
Moi j’analyse un budget, je ne sais pas qui sont les assistants parlementaires et ce qu’ils font. Si ma patronne me dit de faire quelque chose…
Ses déclarations accréditent la thèse d’une gestion centralisée des assistants par le parti, avec l’objectif assumé de faire des économies grâce à l’argent du Parlement européen. Des échanges de mails en 2014 entre cadres du FN, dont Marine Le Pen était destinataire, évoquaient d’ailleurs ouvertement ce système.
Un enjeu crucial pour l’avenir politique de Marine Le Pen
Pour la cheffe de file du Rassemblement National, les conséquences d’une éventuelle condamnation pourraient être lourdes. Outre une possible peine de prison et une forte amende, c’est surtout le risque d’inéligibilité qui menace ses ambitions présidentielles. Déjà candidate malheureuse à trois reprises, Marine Le Pen joue gros dans ce procès.
Son interrogatoire très attendu sera donc scruté avec attention. La leader d’extrême-droite, réputée pour son caractère offensif, parviendra-t-elle à convaincre les juges de son innocence ? Ou les éléments à charge patiemment rassemblés par l’accusation auront-ils raison du “système” FN ?
Au-delà du sort judiciaire de Marine Le Pen et des autres prévenus, ce sont les pratiques du Front National et son utilisation des fonds européens qui sont mises en lumière par ce procès hors-norme. Des zones d’ombre persistantes qui continuent de peser sur l’image du parti, même rebaptisé Rassemblement National.
Quoi qu’il en soit, il faudra encore attendre plusieurs semaines avant de connaître le dénouement de cette affaire tentaculaire. Le procès doit se poursuivre jusqu’à la fin du mois de novembre. D’ici là, nul doute que les déclarations de Marine Le Pen à la barre ce mardi seront disséquées par les observateurs. L’avenir politique de la figure de proue de l’extrême-droite française est peut-être en jeu.