C’est une pollution aussi insolite qu’inquiétante qui s’échoue depuis plusieurs mois sur les plages du sud-ouest de Brest, dans le Finistère. Des milliers de petits cylindres de plastique vert fluo, en forme d’étoiles, ont été ramassés par les promeneurs et les associations environnementales locales depuis novembre dernier. Ces mystérieux objets, baptisés « étoiles vertes », se sont répandus sur les rivages de pas moins de 14 communes, de la pointe bretonne jusqu’en Ille-et-Vilaine.
Des « biomédias » utilisés sur les navires à l’origine de cette pollution
Mais d’où viennent ces curieux déchets plastiques qui jonchent le littoral ? Selon les premières analyses réalisées par le Cedre (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) dès décembre, il s’agirait en réalité de biomédias verts, appelés « Powerchips Green ». Ces petits supports en polyéthylène servent à la colonisation de micro-organismes pour le traitement des déchets organiques à bord de certains navires.
Si leur provenance maritime ne fait guère de doute, le mystère reste entier quant à la manière dont ces milliers de biomédias ont pu se retrouver dans l’océan avant de s’échouer sur les côtes. L’hypothèse d’une cargaison de ce matériel qui serait accidentellement tombée à l’eau est avancée.
Une menace pour les écosystèmes marins et le littoral
Au-delà de la pollution visuelle sur les plages, ces déchets plastiques représentent surtout un réel danger pour la faune et la flore marines. Comme le souligne l’association Ar Viltansou, à l’origine de l’alerte :
Ce sont encore les animaux marins et les oiseaux qui vont consommer ces déchets.
Des risques d’étouffement et de contamination des espèces sont à craindre, sans compter les dommages potentiels pour les exploitations conchylicoles. Le caractère persistant dans l’environnement de ce plastique, composé notamment de polyéthylène, est également très préoccupant.
Une mobilisation citoyenne et des plaintes déposées
Face à l’ampleur de cette pollution, les acteurs locaux se mobilisent. Après une première plainte déposée début janvier par la commune de Plouzané, la plus touchée avec sa plage du Minou, ce sont les associations environnementales qui sont montées au créneau.
Le syndicat mixte Vigipol et l’Association Nationale des Élus du Littoral (ANEL) ont porté plainte conjointement la semaine dernière, appelant à ce que « les pollueurs soient retrouvés et condamnés ». En droit français, tout rejet de substances polluantes dans les eaux maritimes est interdit et les rejets des navires sont strictement encadrés.
Sur le terrain, les opérations de nettoyage s’organisent, impliquant riverains, bénévoles et services techniques des communes. Un travail de fourmi indispensable mais insuffisant sans une réglementation plus stricte du transport maritime et une responsabilisation accrue des armateurs.
Cette pollution aux « étoiles vertes » met une nouvelle fois en lumière les ravages des déchets plastiques dans les océans. Chaque année, ce sont entre 8 et 12 millions de tonnes qui échouent dans les mers du globe, provenant à 80% des activités terrestres. Un véritable fléau qui menace les fragiles écosystèmes marins et contamine toute la chaîne alimentaire, jusqu’à nos assiettes.
Si des progrès ont été réalisés ces dernières années, avec notamment l’interdiction des sacs plastiques à usage unique et des microplastiques dans les cosmétiques, il reste un long chemin à parcourir. Cela passe par une prise de conscience collective, un changement de nos modes de consommation mais aussi un renforcement de la législation et des contrôles, à terre comme en mer.
En attendant, sur le littoral breton, les « étoiles vertes » continuent de s’échouer par milliers, comme un symbole alarmant de l’urgence à agir pour protéger nos océans. Un combat dans lequel chacun a un rôle à jouer, pour que les plages bretonnes retrouvent leur beauté originelle, loin des éclats trompeurs du plastique.