En Namibie, les élections présidentielles et législatives ont tourné au fiasco cette semaine, plongeant le pays dans une crise politique sans précédent depuis son indépendance il y a 34 ans. Face aux nombreux problèmes d’organisation, le principal opposant au parti au pouvoir a appelé les électeurs à continuer à voter malgré tout.
Un Scrutin Chaotique Qui Tourne au Désastre
Mercredi, le jour initialement prévu pour la tenue des élections, les choses ont rapidement dégénéré dans de nombreux bureaux de vote à travers le pays. Pénuries de bulletins, pannes des tablettes servant à vérifier l’identité des électeurs, les couacs se sont multipliés, provoquant d’interminables files d’attente.
Selon des sources proches de l’opposition, certains électeurs ont attendu jusqu’à 12 heures avant de pouvoir glisser leur bulletin dans l’urne. Beaucoup ont fini par renoncer, découragés par cette pagaille sans nom. Pour les opposants, il s’agit ni plus ni moins d’une manœuvre visant à décourager la participation.
Un Scrutin Prolongé Dans l’Urgence
Débordée, la commission électorale a décidé en catastrophe de prolonger le scrutin, d’abord mercredi soir, puis en rouvrant 36 bureaux de vote vendredi et samedi. Une initiative saluée par Panduleni Itula, avocat de 67 ans et principal adversaire du parti au pouvoir, la SWAPO.
Il n’y a pas d’autre solution pour les citoyens que de continuer jusqu’au bout ce qui est proposé par la commission électorale.
Panduleni Itula, candidat de l’opposition
Mais cette prolongation n’efface pas les critiques virulentes du candidat envers les autorités électorales, qu’il accuse d’avoir « trahi le peuple namibien » en organisant ce qu’il qualifie de « chose que les Namibiens n’avaient jamais connue en 34 ans ».
Un Appel au Calme Malgré la Crise
Face au chaos ambiant et aux risques de contestation, M. Itula a appelé ses partisans au calme. « Restez posés et évitez les communications incendiaires », a-t-il plaidé, soulignant l’importance de préserver la paix dans le pays malgré cette crise politique majeure.
Alors que la grogne monte depuis plusieurs années contre le parti historique de la SWAPO, au pouvoir depuis l’indépendance, ces élections apparaissent cruciales pour l’avenir de la Namibie. Chômage des jeunes, inégalités croissantes, corruption… Les défis sont nombreux pour le prochain gouvernement.
Vers l’Inconnu d’un Second Tour ?
Mais l’issue de ce scrutin chaotique est plus incertaine que jamais. Pour la première fois, la candidate de la SWAPO, l’actuelle vice-présidente du pays, pourrait être contrainte à un second tour inédit face à son rival Panduleni Itula. Du jamais vu pour ce parti qui règne sans partage depuis 1990.
La Namibie retient son souffle dans l’attente des résultats définitifs de ces élections hors normes. Au-delà de l’enjeu du vainqueur, c’est la solidité de la démocratie et des institutions namibiennes qui est en jeu au terme de cette séquence tumultueuse.
Les regards sont désormais braqués vers la commission électorale, qui devra réussir l’exploit de restaurer sa crédibilité en publiant des résultats incontestables malgré la pagaille. Un défi de taille pour ce pays habitué à des scrutins apaisés, qui se retrouve soudain plongé dans l’inconnu.