Mille jours après le lancement de l’offensive russe en Ukraine, le président Volodymyr Zelensky a lancé mardi un vibrant appel à l’Europe lors d’une intervention vidéo devant le Parlement européen. Son message est clair : Vladimir Poutine ne s’arrêtera pas de lui-même dans sa quête de victoire, et c’est maintenant plus que jamais le moment de faire pression sur le Kremlin.
Un sentiment d’urgence partagé
Longuement ovationné par les députés européens, Zelensky a martelé que les ambitions de Poutine dépassaient l’Ukraine, menaçant l’ensemble du continent. Il a ainsi exhorté les Vingt-Sept à ne pas sous-estimer la détermination du maître du Kremlin et la nécessité d’agir vite pour entraver la machine de guerre russe.
Poutine se concentre sur la victoire. Il ne s’arrêtera pas de lui-même. Plus il dispose de temps, plus les conditions se détériorent.
Volodymyr Zelensky, président ukrainien
Intensifier les sanctions
Pour le dirigeant ukrainien, seule une pression accrue sur la Russie, à travers des sanctions économiques renforcées et des frappes ciblées sur ses infrastructures militaires, pourra conduire Moscou à envisager sérieusement des négociations de paix. Il plaide notamment pour :
- La confiscation des avoirs russes
- La destruction des dépôts de munitions et des bases aériennes en territoire russe
- Une limitation des capacités de production d’armements
Obtenir plus d’aide militaire
Dans le même temps, Kiev attend de ses alliés européens qu’ils accélèrent et amplifient leurs livraisons d’équipements militaires, en particulier d’armes de longue portée. Une requête qui ne fait pas l’unanimité, l’Allemagne refusant notamment de fournir ses missiles Taurus malgré le feu vert de Washington.
Une position critiquée par Zelensky qui, sans citer Berlin, a reproché à « certains dirigeants européens » de penser davantage à leurs échéances électorales nationales qu’à soutenir l’Ukraine. Le chancelier Scholz est particulièrement visé, lui qui hésite à livrer des armes offensives de crainte d’une escalade avec Moscou.
Des soutiens encourageants
Malgré ces divergences, le chef de l’État ukrainien peut compter sur de solides appuis au sein de l’UE. Lors de son discours à Strasbourg, le président du groupe PPE Manfred Weber a ainsi publiquement demandé que soient livrés « maintenant » à l’Ukraine les fameux missiles Taurus.
Une prise de position remarquée venant de la première force politique au Parlement européen et un signal fort envoyé à l’Allemagne, dont la position ne fait pas l’unanimité, y compris dans son propre camp conservateur.
Une guerre d’usure qui s’enlise
Alors que le conflit entre dans son 1001e jour sans perspectives de règlement rapide, l’Ukraine s’inquiète d’une certaine lassitude occidentale. Depuis des mois, le front est quasiment figé malgré les lourdes pertes subies de part et d’autre.
Avec son intervention coup de poing devant les eurodéputés, Zelensky espère remobiliser ses partenaires européens et les convaincre d’accentuer la pression sur Moscou. Car l’Ukraine en est persuadée : seul un soutien indéfectible et renforcé pourra faire plier Vladimir Poutine, qui mise lui sur un essoufflement progressif de la solidarité occidentale.
Mille jours après le début de l’invasion, les deux camps semblent ainsi plus que jamais engagés dans une épreuve de détermination dont nul ne peut prédire l’issue. Mais une chose est sûre : sans un regain d’implication européenne, l’Ukraine pourrait peiner à tenir sur la durée face à un adversaire résolu à l’emporter à tout prix.