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L’Ukraine divisée sur l’utilisation de mines antipersonnel US

Un appel qui divise. Des ONG pressent l'Ukraine de renoncer aux mines antipersonnel fournies par les États-Unis, malgré le conflit avec la Russie. Le pays est signataire du traité d'Ottawa interdisant ces armes, contrairement à Washington et Moscou...

L’offre américaine de mines antipersonnel à l’Ukraine ne fait pas l’unanimité. Le réseau Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel (ICBL), prix Nobel de la paix en 1997, a appelé Kiev à « rejeter fermement » ces armes controversées. Une prise de position qui survient alors que le pays est en plein conflit avec la Russie.

L’Ukraine face à un « défi » sans précédent

Selon Tamar Gabelnick, directrice de l’ICBL, l’acceptation et l’utilisation par l’Ukraine des mines proposées par Washington constitueraient une « violation claire et significative » de la Convention d’Ottawa. Ce traité, qui interdit les mines antipersonnel, a été ratifié par Kiev mais ni par les États-Unis, ni par la Russie.

Pour les parties membres du traité, réunies cette semaine au Cambodge, le transfert américain de mines vers l’Ukraine représente un « défi » jamais vu depuis l’entrée en vigueur de la Convention en 1999. Un responsable ukrainien du ministère de la Défense, présent aux discussions, a assuré que les inquiétudes exprimées seraient transmises à son gouvernement.

La Russie accusée de disséminer des mines à grande échelle

Si l’Ukraine se retrouve sous pression de la communauté internationale, c’est la Russie qui est pointée du doigt pour son utilisation massive de mines antipersonnel depuis le début de l’invasion. Selon les Nations Unies, environ 25% du territoire ukrainien serait concerné par la dissémination de ces engins explosifs par l’armée russe.

Des armes « très importantes » pour Zelensky

Face à l’avancée des troupes russes dans l’Est de l’Ukraine, le président Volodymyr Zelensky s’était félicité la semaine dernière de la décision américaine de fournir des mines, qualifiant ces armes de « très importantes ». Une position qui tranche avec les mises en garde des ONG sur les dangers de ces dispositifs pour les populations civiles.

La Finlande envisage de réintroduire des stocks

L’Ukraine n’est pas le seul pays à remettre en question son engagement contre les mines antipersonnel dans le contexte géopolitique actuel. La Finlande, qui a rejoint l’Otan après l’invasion russe, a annoncé envisager de réintroduire des stocks de ces armes, abandonnées depuis des décennies dans le cadre de sa politique de non-alignement militaire.

Nous espérons vivement que les mines offertes par les Etats-Unis seront fermement rejetées par l’Ukraine.

Tamar Gabelnick, directrice de l’ICBL

La question des mines antipersonnel oppose donc les impératifs militaires de court terme et les préoccupations humanitaires de long terme. Si l’Ukraine et la communauté internationale peuvent comprendre la tentation de recourir à ces armes face à l’agression russe, les voix s’élèvent pour rappeler leur caractère indiscriminé et les souffrances durables qu’elles infligent aux populations, bien après la fin des conflits.

La conférence de Siem Reap, qui s’achève ce vendredi, aura permis de mesurer les progrès réalisés depuis l’adoption de la Convention d’Ottawa, mais aussi les défis posés à son universalisation par les crises sécuritaires actuelles. Plus que jamais, le combat pour un monde sans mines antipersonnel apparaît comme un objectif de longue haleine.

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