Au large des côtes vénézuéliennes, l’île Margarita était autrefois surnommée la « Perle des Caraïbes », attirant des touristes du monde entier venus profiter de ses plages paradisiaques. Mais après des années de crise politique et économique, de pandémie et de coupures d’électricité à répétition, l’île lutte aujourd’hui pour échapper à la décadence qui frappe le pays.
Des hôtels abandonnés symboles du déclin
Les stigmates de la crise sont visibles dès l’arrivée sur l’île. D’anciens complexes hôteliers cinq étoiles, qui accueillaient jadis des milliers de visiteurs, sont aujourd’hui à l’abandon. Vandalisés et pillés, ils se dressent comme des ruines modernes face à une mer d’un bleu éclatant. Un contraste saisissant qui illustre le déclin brutal de ce qui fut une destination prisée.
Mais malgré ce tableau peu reluisant, les habitants de Margarita ne baissent pas les bras. Dans les rues commerçantes, les boutiques tentent de garder leurs portes ouvertes, proposant articles de plage et souvenirs aux rares touristes de passage. Les commerçants font preuve d’une résilience et d’un optimisme à toute épreuve, persuadés que leur île a encore un avenir.
Le pari des touristes russes
Pour tenter de relancer l’activité touristique, les autorités locales misent désormais sur une nouvelle clientèle : les Russes. Moscou étant un allié politique de Caracas, un programme spécial a été mis en place pour attirer les visiteurs de ce pays.
Des formules « tout compris » leur sont proposées dans des hôtels équipés de groupes électrogènes, pour pallier les coupures de courant chroniques. Résultat, selon les chiffres officiels, 40 000 touristes russes ont foulé le sol de Margarita rien qu’en 2023. Une bouffée d’oxygène pour l’économie locale, même si cette manne ne profite pas à tous.
La débrouille comme mode de survie
Car si les complexes hôteliers parviennent à maintenir un semblant d’activité grâce aux groupes électrogènes, le quotidien des habitants de l’île reste très difficile. Les coupures d’électricité à répétition paralysent commerces et services publics.
Pour s’éclairer le soir, les familles ont recours aux bougies. Pour continuer à travailler, artisans et restaurateurs rivalisent d’ingéniosité. Le système D est devenu la norme pour survivre malgré les pénuries et les black-out. Une lutte de chaque instant qui forge le caractère des insulaires.
L’espoir d’une renaissance
Malgré les difficultés, beaucoup ici gardent espoir en des jours meilleurs. Ils sont persuadés que leur île a des atouts uniques, entre ses paysages, ses plages et la gentillesse de ses habitants. Avec un peu d’aide et d’investissements, Margarita pourrait retrouver son lustre d’antan et redevenir cette perle des Caraïbes dont la réputation n’est plus à faire.
Mais pour l’heure, c’est la survie au jour le jour qui prime. Les yeux tournés vers un avenir qu’ils espèrent meilleur, les habitants de Margarita continuent de se battre, avec l’énergie du désespoir. Une lutte qui force le respect et l’admiration, et qui montre que même dans les pires tempêtes, cette île et ses habitants gardent la tête haute. En attendant des jours plus radieux.