Les relations entre Taïwan et la Chine sont à nouveau sous le feu des projecteurs alors que le président taïwanais Lai Ching-te a entamé samedi une tournée diplomatique dans trois pays du Pacifique, avec des escales prévues dans les territoires américains de Hawaï et de Guam. Un périple qui suscite l’ire de Pékin, qui considère l’île comme une province rebelle à réunifier avec le reste de son territoire, par la force si nécessaire.
Une tournée sous haute tension
Pour son premier voyage à l’étranger depuis sa prise de fonction en mai, Lai Ching-te doit visiter les îles Marshall, Tuvalu et Palaos, seules nations de la région parmi les 12 restantes à reconnaître Taïwan. Mais ce sont surtout ses escales en territoire américain qui focalisent l’attention et attisent la colère de Pékin.
Avant de passer deux nuits à Hawaï et une à Guam, le président taïwanais y rencontrera de « vieux amis » et des « membres de groupes de réflexion », selon une source à la présidence taïwanaise. Des étapes qui ne manqueront pas de provoquer la réaction de la Chine, qui s’oppose à tout contact officiel entre Taipei et des représentants étrangers.
La Chine hausse le ton
Pékin a vivement dénoncé cette tournée, qualifiant une nouvelle fois Lai Ching-te de « séparatiste » et promettant de défendre sa souveraineté sur Taïwan. La pression militaire s’est également accentuée ces derniers jours, avec le déploiement d’avions de chasse et de navires de guerre chinois autour de l’île.
Peu importe ce que dit ou fait Taïwan, cela est toujours interprété de la mauvaise façon par Pékin.
Une source diplomatique taïwanaise
Malgré ces menaces, le président Lai semble déterminé à poursuivre sa politique d’affirmation de Taïwan sur la scène internationale. Son prédécesseur Tsai Ing-wen avait déjà effectué des déplacements similaires en 2017, déclenchant là aussi l’ire de Pékin.
Washington, un allié de poids pour Taïwan
Si la Chine voit d’un très mauvais œil ces escales en territoire américain, c’est qu’elles sont le symbole du soutien des États-Unis à Taïwan. Washington, qui reconnaît officiellement Pékin tout en restant l’allié le plus puissant de Taipei, vient d’ailleurs d’approuver une nouvelle vente d’armes à l’île.
Quand un président taïwanais voyage hors de Taïwan, c’est un rappel qu’il y a des pays dans le monde qui accordent de la valeur à leurs relations avec Taïwan.
Bonnie Glaser, analyste au German Marshall Fund
Une manière pour les États-Unis de réaffirmer leur « partenariat » avec Taïwan face aux ambitions chinoises dans la région. Mais ce soutien risque aussi d’attiser les tensions et de pousser Pékin à durcir encore sa position vis-à-vis de l’île.
Taïwan pris en étau
Coincé entre les pressions de Pékin et la nécessité de préserver ses rares soutiens diplomatiques, Taïwan navigue en eaux troubles. Si l’île a réussi jusqu’ici à préserver son indépendance de facto, la menace chinoise n’a jamais été aussi présente.
La tournée du président Lai dans le Pacifique est un nouveau test pour la diplomatie taïwanaise, qui doit composer avec le courroux de Pékin tout en s’assurant du soutien de ses alliés. Un exercice d’équilibriste de plus en plus périlleux alors que la Chine ne cesse de renforcer sa pression sur l’île rebelle.
Jusqu’où Pékin est-il prêt à aller pour faire plier Taïwan ? C’est toute la question qui se pose alors que le président Lai s’apprête à fouler le sol américain, au risque de provoquer une nouvelle escalade des tensions dans le détroit de Taïwan. Une certitude, la partie diplomatique qui se joue autour de l’île est loin d’être terminée.
