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Le Patron de l’INSEE Critique le Manque de Collaboration de Bercy

Le patron de l'INSEE tire la sonnette d'alarme : Bercy ne peut plus porter seul la responsabilité des erreurs de prévisions budgétaires. Il est temps d'ouvrir le processus à l'expertise externe pour éviter de nouveaux dérapages. Découvrez pourquoi ce changement est crucial pour nos finances publiques.

Les erreurs de prévisions budgétaires de Bercy font polémique. Jean-Luc Tavernier, directeur général de l’INSEE, pointe du doigt l’isolement du ministère des Finances dans l’élaboration du budget de l’État. Lors de son audition devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le dérapage du déficit public en 2024, il a plaidé pour une plus grande ouverture à l’expertise externe.

Un déficit public largement sous-estimé

Initialement prévu à 4,4% du PIB, le déficit public devrait finalement atteindre 6,1% en 2024, selon les dernières estimations qui seront confirmées fin mars. Ce dérapage massif interroge sur la fiabilité des prévisions de Bercy. Pour Jean-Luc Tavernier, membre du Haut Conseil des Finances Publiques (HCFP), le constat est clair :

Ce n’est pas bon d’être seul et de porter seul la responsabilité quand on se trompe.

Jean-Luc Tavernier, directeur général de l’INSEE

Un « écosystème » d’expertise à développer

Si de nombreux organismes publient des hypothèses macroéconomiques, permettant de situer les prévisions de Bercy par rapport au consensus, il n’en va pas de même pour les prévisions de dépenses et de recettes. Jean-Luc Tavernier plaide pour que certains laboratoires académiques comme l’Institut des Politiques Publiques, Rexecode ou l’OFCE soient incités, y compris financièrement, à travailler sur ces sujets.

Des erreurs de prévision « tombées du mauvais côté »

Interrogé sur l’origine de ces erreurs, le patron de l’INSEE écarte l’hypothèse d’une volonté politique de Bercy de minimiser le déficit. Il évoque plutôt une accumulation d’erreurs de prévisions qui sont « malheureusement pour la plupart tombées du mauvais côté » :

  • Modération espérée mais non réalisée des dépenses des collectivités locales
  • Recettes d’impôt sur les sociétés très décevantes
  • Ménages qui ont épargné plutôt que consommé, malgré la baisse de l’inflation

Des conditions de travail du HCFP à améliorer

Jean-Luc Tavernier déplore enfin les conditions d’exercice du Haut Conseil des Finances Publiques, qui nuisent selon lui à la collégialité des travaux. Il pointe notamment l’absence d’informations sur le calendrier des saisines pour les révisions des hypothèses économiques, comme la croissance du PIB abaissée à 0,9% au lieu de 1,1% ou le déficit public révisé à 5,4% au lieu de 5%.

Vers une réforme du processus budgétaire ?

Ces critiques appuyées du directeur général de l’INSEE relancent le débat sur la nécessité de réformer le processus d’élaboration du budget de l’État. L’enjeu : rendre les prévisions budgétaires plus fiables et transparentes, en s’appuyant davantage sur l’expertise indépendante d’organismes tiers. Une piste qui mériterait d’être sérieusement étudiée pour éviter de nouveaux dérapages à l’avenir et responsabiliser davantage l’exécutif sur ses engagements budgétaires.

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