La France, pays des Lumières et de la liberté d’expression, voit aujourd’hui s’installer subtilement une nouvelle forme de censure. Entre boycotts éditoriaux et accusations infondées, le débat public est gangréné par une bien-pensance moralisatrice qui menace le pluralisme des idées. Décryptage d’un phénomène inquiétant.
Le boycott, arme de censure massive
Récemment, 80 librairies ont annoncé boycotter les livres des éditions Hachette, détenues par le groupe Bolloré. Un acte fort qui révèle une volonté de faire taire certaines voix jugées « politiquement incorrectes ». Mais qui décide de ce qui est acceptable ou non dans le débat public ? Cette censure arbitraire porte atteinte à la diversité éditoriale et au droit des lecteurs de se forger leur propre opinion.
L’affaire Daoud et Sansal : la censure par l’accusation
L’écrivain algérien Boualem Sansal a récemment été arrêté dans son pays, suscitant l’indignation internationale. Mais en France, certains n’ont pas hésité à le mettre sur le banc des accusés, affirmant qu’il « alimente un discours hostile à l’égard des immigrés et des musulmans ». Une accusation grave qui fait fi de la subtilité de son œuvre et vise à le faire taire. Le même sort a été réservé à Kamel Daoud, autre intellectuel algérien critique du pouvoir en place.
L’arrestation de Boualem Sansal s’inscrit dans une longue séquence de dégradation de la relation franco-algérienne.
Xavier Driencourt, ancien ambassadeur
Le deux poids, deux mesures de la gauche bien-pensante
Cette censure révèle l’hypocrisie d’une certaine gauche qui s’érige en donneuse de leçons. D’un côté, elle s’indigne de la censure dont sont victimes certains artistes ou intellectuels. Mais de l’autre, elle n’hésite pas à faire taire ceux qui dérangent au nom de la lutte contre les « discours de haine ». Un deux poids, deux mesures qui décrédibilise son combat et nuit gravement au débat démocratique.
Vers une société de la censure ?
Cette nouvelle forme de censure, plus subtile et insidieuse, menace les fondements mêmes de notre démocratie. Plutôt que d’interdire frontalement, on disqualifie, on accuse, on marginalise ceux qui osent penser différemment. Un climat délétère s’installe, où chacun surveille ses propos de peur d’être mis au ban de la société. Est-ce vraiment la société que nous voulons ?
Il est temps de réagir et de défendre notre liberté d’expression si chèrement acquise. Refusons la bien-pensance et la censure sous toutes ses formes. Favorisons le débat contradictoire, la confrontation des idées, seuls gages d’une démocratie vivante. Car comme le disait Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ».