Comment une voix peut-elle traverser les ruines et résonner dans le monde entier ? À Venise, un film bouleversant, The Voice of Hind Rajab, porté par la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, donne vie à cette question. Ce long-métrage, en lice pour le prestigieux Lion d’or, ne se contente pas de raconter une histoire : il amplifie le cri d’une fillette palestinienne, victime d’un conflit dévastateur, et interpelle notre humanité. À travers une mise en scène poignante et des enregistrements authentiques, ce film se veut un porte-voix pour celles et ceux que les médias réduisent trop souvent à de simples chiffres.
Un film pour redonner une voix aux oubliés
Dans un monde où les tragédies humaines sont parfois reléguées à des statistiques, le cinéma peut devenir une arme de vérité. Kaouther Ben Hania, déjà récompensée pour son travail sur le radicalisme dans Les Filles d’Olfa, s’engage avec The Voice of Hind Rajab dans une démarche artistique et humaniste. Le film s’inspire d’un drame réel : celui d’une fillette tuée à Gaza en janvier 2024, dont les appels désespérés au Croissant-Rouge palestinien ont marqué les esprits. Ces enregistrements, bruts et déchirants, forment le cœur du récit, offrant une immersion dans l’urgence et la peur vécues par la jeune victime.
La réalisatrice ne cherche pas seulement à raconter une histoire, mais à redonner une humanité à celles et ceux que les conflits déshumanisent. En conférence de presse à Venise, elle a partagé sa vision : le cinéma, par sa capacité à capturer des visages et des voix, peut contrer la froideur des récits médiatiques qui parlent de « dommages collatéraux ». Ce choix narratif fait du film un acte de résistance artistique, une manière de ramener l’individu au centre d’un conflit trop souvent anonymisé.
Une œuvre portée par une équipe d’exception
Le projet n’aurait pas la même ampleur sans le soutien de figures majeures du cinéma. Parmi les producteurs exécutifs, on compte des noms prestigieux comme Brad Pitt, Joaquin Phoenix, Rooney Mara, ainsi que les réalisateurs Alfonso Cuarón et Jonathan Glazer. Leur implication donne au film une portée internationale et une crédibilité artistique indéniable. Lors de la présentation à Venise, la présence de Joaquin Phoenix, venu soutenir le projet, a électrisé l’événement, attirant l’attention sur ce drame humain.
Je n’aurais jamais imaginé un tel soutien. Leur engagement renforce notre message.
Kaouther Ben Hania, réalisatrice
Cette collaboration exceptionnelle ne fait qu’amplifier l’impact du film. Les acteurs, eux aussi, se sont investis corps et âme. Saja Kilani, l’une des comédiennes, a lu un message poignant au nom de l’équipe : un appel à faire résonner la voix de la fillette à travers le monde. Cet engagement collectif a été salué par une ovation rare de la part des journalistes, signe de l’émotion suscitée par le projet.
Un écho universel pour un drame local
The Voice of Hind Rajab n’est pas seulement l’histoire d’une fillette, mais celle de tout un peuple en quête de reconnaissance. La voix de la jeune victime, captée dans des appels au secours, devient une métaphore de la lutte pour être entendu. Kaouther Ben Hania l’exprime avec force : cette voix, c’est celle de Gaza, un cri qui traverse les frontières pour alerter le monde. Le film, en s’appuyant sur des enregistrements réels, crée une connexion directe avec le spectateur, le confrontant à la réalité brute du conflit.
Ce choix artistique audacieux permet de transcender le cadre d’un simple documentaire. En mêlant fiction et réalité, le film donne une dimension universelle à une tragédie locale. Il ne s’agit pas seulement de montrer la souffrance, mais de susciter une réflexion sur la manière dont les conflits sont perçus et relatés. Pourquoi certaines vies semblent-elles peser moins lourd dans le récit médiatique ? Cette question, au cœur du film, invite à un examen de conscience collectif.
Un parcours prometteur sur la scène internationale
Présenté en compétition officielle à Venise, The Voice of Hind Rajab vise le Lion d’or, une récompense qui pourrait propulser le film sur la scène mondiale. Mais son ambition ne s’arrête pas là. Sélectionné pour représenter la Tunisie aux Oscars, il s’impose déjà comme un sérieux prétendant dans la course aux récompenses internationales. Sa sortie en Tunisie, prévue pour le 17 septembre, marque une première étape vers une diffusion plus large, bien que la date de sortie en France reste encore inconnue.
Le film a suscité une émotion rare à Venise, avec des applaudissements nourris dès l’arrivée de l’équipe en conférence de presse.
Ce succès précoce témoigne de la force du message porté par le film. En donnant un visage et une voix à une victime, il rappelle que derrière chaque drame se cache une histoire personnelle. Cette approche, à la fois intime et universelle, fait de The Voice of Hind Rajab une œuvre qui pourrait marquer durablement les esprits.
Le cinéma comme acte de résistance
Dans un contexte où les récits médiatiques tendent à simplifier ou à anonymiser les victimes, le cinéma engagé de Kaouther Ben Hania se pose comme un contrepoids. En choisissant de centrer son film sur un événement précis et une voix singulière, elle redonne une dignité narrative à ceux que l’on réduit trop souvent à des statistiques. Cette démarche n’est pas nouvelle pour la réalisatrice, dont le précédent film, Les Filles d’Olfa, explorait déjà des thématiques complexes avec une sensibilité rare.
Le choix d’utiliser des enregistrements authentiques renforce l’impact émotionnel du film. Ces appels, où l’on entend la peur et l’espoir d’une fillette prise au piège, ne laissent personne indifférent. Ils rappellent que l’art, loin d’être un simple divertissement, peut être un outil de mémoire et de justice. En cela, The Voice of Hind Rajab s’inscrit dans une longue tradition de cinéma engagé, aux côtés de films comme Shoah ou Valse avec Bachir.
Pourquoi ce film résonne-t-il autant ?
L’émotion suscitée par The Voice of Hind Rajab tient à sa capacité à humaniser un conflit souvent perçu comme lointain. En se concentrant sur une histoire individuelle, le film brise les barrières de l’indifférence. Voici quelques raisons de son impact :
- Une histoire universelle : La voix d’une enfant en détresse touche un public mondial, transcendant les frontières culturelles.
- Un casting engagé : Les acteurs, portés par une conviction profonde, donnent une authenticité rare au récit.
- Un soutien prestigieux : La présence de figures comme Brad Pitt ou Alfonso Cuarón amplifie la portée du message.
- Une mise en scène audacieuse : L’utilisation d’enregistrements réels crée une connexion directe avec la réalité du conflit.
Ce mélange d’émotion brute et de réflexion politique fait du film une œuvre à part. Il ne se contente pas de dénoncer, il invite à écouter, à ressentir et à agir. Cette approche fait écho à d’autres œuvres cinématographiques qui ont su transformer des tragédies en appels universels à la compassion.
Un avenir prometteur pour le film
Avec sa sélection pour les Oscars et sa présence à Venise, The Voice of Hind Rajab s’annonce comme un film marquant de l’année 2025. Son message, porté par une réalisatrice talentueuse et une équipe dévouée, a le potentiel de changer les perceptions. En Tunisie, où il sortira prochainement, il pourrait devenir un symbole de résistance culturelle, tout en sensibilisant un public international aux réalités du conflit à Gaza.
Le film pose également une question essentielle : comment l’art peut-il servir la justice ? En donnant une voix à une fillette disparue, Kaouther Ben Hania prouve que le cinéma peut être bien plus qu’un divertissement. Il peut être un cri, un souvenir, un appel à ne pas oublier. À Venise, ce cri a déjà résonné. Reste à savoir jusqu’où il portera.
| Étape | Détail |
|---|---|
| Festival de Venise | Compétition pour le Lion d’or |
| Oscars | Sélection officielle pour la Tunisie |
| Sortie en Tunisie | 17 septembre 2025 |
En conclusion, The Voice of Hind Rajab n’est pas seulement un film, c’est un acte de mémoire. Il nous rappelle que derrière chaque tragédie se cache une voix, une histoire, une vie. À travers le talent de Kaouther Ben Hania et l’engagement de son équipe, ce film pourrait bien devenir un jalon dans l’histoire du cinéma engagé. Alors que le monde continue de regarder Gaza, ce long-métrage nous invite à écouter, vraiment, et à ne jamais détourner le regard.
