Les rues de Séoul ont été traversées par la colère mercredi, alors que les Sud-Coréens manifestaient en masse contre un seul homme : le président Yoon Suk Yeol. Son coup de force avorté pour tenter d’imposer la première loi martiale du pays a choqué les citoyens de cette jeune démocratie.
Un « auto-coup » présidentiel qui soulève l’indignation
Tout au long de la journée, la capitale sud-coréenne a été le théâtre d’affrontements entre manifestants et policiers. Les syndicats ont appelé à une grève générale, tandis que l’opposition réclamait la démission immédiate du président, l’accusant de rébellion.
Devant le siège du Parlement, où 190 députés ont voté dans la nuit une motion contre la loi martiale annoncée quelques heures plus tôt par le président, la foule en colère était unie contre l’ancien procureur général conservateur :
C’était un auto-coup, destiné à se protéger lui-même et sa femme.
Un manifestant en référence aux scandales entourant la Première dame
La population se mobilise pour défendre la démocratie
Malgré la fatigue d’une nuit presque blanche, durant laquelle le président a tenté de revenir sur près de 40 ans de progrès démocratiques, les Sud-Coréens restent déterminés. Brandissant des drapeaux et entonnant l’hymne national, ils sont prêts à « risquer leurs vies » pour préserver leurs acquis, selon l’opposant Lee Jae-myung.
Pour beaucoup, en particulier les jeunes qui se souviennent des manifestations de 2016 ayant mené à la destitution de l’ex-présidente Park Geun-hye, cette crise est vécue comme « une leçon d’histoire ». Ils sont choqués d’avoir vu leur pays si proche de tourner le dos à la démocratie.
L’opposition réclame le départ du « président fou »
Face à ce que le député Kim Min-seok qualifie de tentative d’un « président anormal, avec une Première dame anormale, de conserver un pouvoir anormal », l’opposition a déposé une motion de destitution. Nécessitant le soutien des deux tiers du Parlement et de six juges constitutionnels, elle pourrait être votée dès vendredi.
Les manifestants, eux, semblent déterminés à occuper les rues jusqu’au départ de celui qu’ils surnomment désormais le « président fou ». Comme cette étudiante en histoire qui confie :
J’ai peur que tout cela soit très long, il ne voudra pas partir.
Nam Gi Kim, 28 ans
Une inquiétude partagée par beaucoup, alors que les bougies et les slogans continuent d’éclairer la nuit séoulite. La crise politique qui secoue la Corée du Sud ne semble pas prête de s’apaiser, le bras de fer entre un président contesté et un peuple en colère ne faisant que commencer.