L’ex-homme fort du Brésil n’a pas dit son dernier mot. Alors qu’il a été déclaré inéligible jusqu’en 2030 par la justice de son pays, Jair Bolsonaro compte bien revenir dans la course présidentielle dès 2026. Et pour ce faire, il mise sur un allié de poids : Donald Trump.
Le pari d’un « effet Trump »
Fraîchement acquitté dans son second procès en destitution, le bouillonnant milliardaire américain prépare déjà son grand retour à la Maison Blanche. Un come-back qui n’est pas sans inspirer Bolsonaro. Interrogé par le Wall Street Journal, ce dernier s’est montré on ne peut plus clair :
Trump est de retour, et c’est un signe que nous serons de retour aussi.
Le « Trump des tropiques », comme on le surnomme, espère profiter de cette dynamique favorable à la droite dure pour se relancer dans la bataille électorale brésilienne. Et peu importe l’épée de Damoclès judiciaire qui pèse sur sa tête.
Faire fi de l’inéligibilité
Car rappelons-le, l’ancien capitaine de l’armée a été frappé d’inéligibilité en juin dernier pour avoir « attaqué sans preuve le système d’urnes électroniques » lors de la dernière présidentielle, qui l’a vu perdre face à Lula. Une sanction qui court théoriquement jusqu’en 2030.
Mais qu’à cela ne tienne ! Selon le Wall Street Journal, Bolsonaro table sur « la pression exercée par Trump sur les juges brésiliens pour retarder l’application de la décision juste assez longtemps pour qu’il puisse se présenter ». Un coup de pouce judiciaire entre amis en quelque sorte.
Victimes de « persécution politique » ?
Il faut dire que les deux hommes partagent bien plus qu’une amitié et des affinités idéologiques. Tous deux font l’objet de poursuites judiciaires dans leurs pays respectifs. Et tous deux crient à la « persécution politique » à chaque fois que la justice s’intéresse d’un peu trop près à leurs cas.
Accusations de fraude électorale, soupçons de tentative de coup d’État, investigations sur la gestion de documents classifiés… Les casseroles s’accumulent de part et d’autre. Mais loin d’entamer leur volonté de reconquête du pouvoir.
Soutiens indéfectibles
Au contraire, Trump et Bolsonaro semblent plus déterminés que jamais à prendre leur revanche dans les urnes. Et ils peuvent compter sur des soutiens sans faille dans leurs camps.
Quand Trump savourait sa « victoire épique » en novembre dernier, Eduardo, le fils du président brésilien déchu, était à ses côtés à Mar-a-Lago. Une présence hautement symbolique et un message on ne peut plus clair envoyé à la gauche brésilienne et américaine.
Rassembler les troupes
Depuis qu’il a quitté le pouvoir, Bolsonaro n’est pas resté inactif pour autant. Il a récemment fait campagne pour son parti, le Parti Libéral, en vue des élections municipales d’octobre prochain. Histoire de mobiliser ses troupes et de jauger sa popularité.
Car s’il veut réellement briguer un nouveau mandat en 2026, l’ex-président va devoir rassembler largement autour de sa candidature. Et notamment dans son propre camp, miné par les rivalités et les ambitions personnelles.
Un pari très risqué
Miser sur un « effet Trump » pour revenir au sommet de l’État brésilien, voilà donc le pari plus qu’audacieux de Jair Bolsonaro. Un pari d’autant plus risqué que rien ne garantit que son ami Donald remporte la prochaine présidentielle américaine, ni même qu’il parvienne à être investi par le parti républicain.
Et quand bien même ce scénario se réaliserait, reste à savoir si la pression de Washington suffirait à infléchir le cours de la justice brésilienne. Rien n’est moins sûr, tant l’ancien capitaine s’est mis à dos une large part de l’opinion et des institutions durant son mandat.
Déforestation de l’Amazonie, gestion calamiteuse du Covid, soutien aux milices paramilitaires… Les casseroles politiques et judiciaires de Bolsonaro sont aussi nombreuses que variées. Autant de boulets qu’il devra traîner dans la bataille électorale à venir.
Mais comme le prouve le cas Trump, en politique, il ne faut jamais dire jamais. Surtout quand on a un électorat aussi fidèle et radical que celui de l’extrême droite. Un socle électoral certes insuffisant pour l’emporter, mais non négligeable dans une élection qui s’annonce d’ores et déjà ultra-polarisée.
Bolsonaro peut-il réellement imiter son modèle Trump et revenir aux affaires malgré les innombrables casseroles ? Réponse dans 3 ans, si sa candidature est bien validée. D’ici là, gageons que la bataille judiciaire et médiatique va faire rage au Brésil.