C’est une interview événement qui a eu lieu sur LCI. Le Premier ministre François Bayrou était l’invité de Darius Rochebin pour un grand entretien sans concession. Au menu des échanges : les choix budgétaires du gouvernement, l’épineuse question des retraites et le dossier brûlant de l’immigration. Le chef du gouvernement n’a éludé aucun sujet, annonçant des décisions fortes et des défis de taille pour le pays.
Taxes et budget : des arbitrages difficiles
François Bayrou l’assure : il y aura bien des taxes sur les grandes entreprises, mais pas de nouveaux impôts pour les ménages, y compris les plus aisés. Une ligne directrice qui ne sera pas sans conséquence. Car comme le reconnaît le Premier ministre, il faudra complètement rebattre les cartes pour boucler le budget 2026. Un véritable casse-tête en perspective.
Malgré des marges de manœuvre limitées, le gouvernement écarte certaines pistes comme celle d’imposer 7 heures de travail non rémunérées aux salariés. « Le travail doit être payé », martèle François Bayrou. Il n’empêche, l’exécutif devra trouver des solutions pour redresser les comptes publics, mis à mal par la crise.
Le dossier explosif des retraites
Mais le dossier le plus brûlant reste celui des retraites. Faut-il encore repousser l’âge de départ ? Sur ce point, François Bayrou fait un constat sévère, estimant que les Français se sont déshabitués au travail. Une petite phrase qui ne manquera pas de faire réagir, alors que la réforme des retraites a déjà mis le feu aux poudres l’an dernier.
« Les Français travaillent moins que la moyenne des pays développés. »
François Bayrou, Premier ministre
Pour autant, taxer davantage les retraités touchant plus de 2000 euros ne semble pas à l’ordre du jour pour le gouvernement. François Bayrou botte en touche sur cette question sensible, renvoyant la balle aux partenaires sociaux. Reste que l’exécutif devra trancher, au risque de provoquer une nouvelle levée de boucliers.
Immigration : « un sentiment de submersion »
Autre sujet épineux : l’immigration. Là aussi, le Premier ministre assume un discours ferme, parlant d’un « sentiment de submersion » dans le pays. Une manière de justifier la ligne dure du gouvernement ? François Bayrou assure en tout cas que l’exécutif ne s’alliera pas avec le Rassemblement national. « Ce n’est pas compatible avec nos valeurs », tranche-t-il.
Il n’empêche, la question migratoire s’annonce comme l’un des dossiers les plus explosifs du quinquennat. Entre fermeté affichée et principes humanistes, l’exécutif marche sur une ligne de crête. Et devra prouver qu’il peut agir efficacement, sans pour autant renier ses valeurs.
Des sujets de société clivants
L’interview a aussi été l’occasion d’aborder des thèmes de société brûlants. À commencer par la fin de vie, remise sur le devant de la scène par le témoignage poignant de Charles Biétry. Un sujet complexe sur lequel François Bayrou appelle à « une réflexion sereine et dépassionnée ». Tout en assurant que le gouvernement prendra ses responsabilités.
Le Premier ministre est également revenu sur les propos polémiques d’Elon Musk sur la démocratie. « Il crée une menace sur nos systèmes démocratiques », alerte François Bayrou. Un avertissement alors que le patron de Tesla et SpaceX ne cesse de faire parler de lui, non sans susciter la controverse.
Un gouvernement sous pression
Au final, cette interview événement confirme que le gouvernement Bayrou fait face à une véritable montagne de défis. Entre redressement des comptes publics, réforme des retraites, maîtrise de l’immigration et sujets sociétaux clivants, les dossiers brûlants ne manquent pas. Avec en toile de fond, une impopularité record et une contestation sociale qui ne faiblit pas.
« Nous devons avoir le courage de faire les choix qui s’imposent. »
François Bayrou, Premier ministre
François Bayrou en est conscient : il joue gros dans les mois à venir. Lui qui rêvait d’incarner une forme de sagesse au sommet de l’État se retrouve aux prises avec des réalités politiques et budgétaires implacables. Réussira-t-il à redresser la barre, sans pour autant renier son ADN centriste ? L’avenir nous le dira.
Une chose est sûre : cette interview coup de poing pose les jalons d’un quinquennat sous haute tension. Avec un gouvernement qui semble déterminé à réformer, quitte à passer en force. Mais aussi une opposition remontée comme jamais et une opinion publique volatile. Tous les ingrédients d’une séquence politique à haut risque.
