Alors qu’une crise politique sans précédent secoue la France, le président Emmanuel Macron semble loin des tourments, en pleine visite d’État en Arabie Saoudite. Lunettes de soleil sur le nez, le chef de l’État arpente la cité nabatéenne d’Hégra, un joyau du patrimoine saoudien. Un contraste saisissant avec la situation à Paris, où une motion de censure menace de faire tomber le gouvernement.
Une Visite entre Diplomatie et Mégaprojets
Malgré l’urgence de la situation en France, Emmanuel Macron a tenu à honorer cette ultime étape de sa visite, consacrée à la diplomatie du patrimoine. Hégra, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, est au cœur d’un ambitieux projet touristique de 20 milliards de dollars piloté par la France et l’Arabie Saoudite. Les enjeux économiques sont donc conséquents pour les deux pays.
Un Programme Avancé pour un Retour Anticipé
Fait rare pour le président français, souvent en retard sur ses engagements, le programme de la visite a été avancé d’une heure. Selon des sources proches de l’Élysée, Emmanuel Macron souhaite être de retour à Paris en fin de journée, au moment où l’Assemblée nationale rendra son verdict sur la motion de censure qui pourrait faire chuter le gouvernement de Michel Barnier.
Entre Décontraction Apparente et Tensions Sous-Jacentes
Sur le site d’Hégra, Emmanuel Macron semble détendu, veste tombée et chemise blanche impeccable. Il écoute avec attention les explications du guide sur les 7 000 ans d’histoire du lieu et les liens forts entre les Nabatéens et l’Europe. Une décontraction apparente qui contraste avec ses propos de la veille, quand il affirmait aux journalistes ne pas pouvoir « croire au vote d’une censure », pourtant quasi-inéluctable.
Appel à la Responsabilité et Accusations de Cynisme
Lors d’un échange informel avec la presse, le président a appelé chacun à « prendre ses responsabilités ». Il a accusé le Rassemblement national de faire preuve d’un « cynisme insoutenable » et le Parti socialiste d’une « perte de repères complète » s’ils venaient à voter la motion de censure. Des propos fermes qui trahissent les tensions sous-jacentes.
Un Successeur à Trouver, la Dissolution Évoquée
En coulisses, l’exécutif se prépare déjà à l’après-Barnier. Plusieurs noms circulent pour le remplacer à Matignon, dont celui de Sébastien Lecornu, ministre des Armées et fidèle du président. Emmanuel Macron serait déterminé à se « faire violence » dans ce choix crucial. La dissolution de l’Assemblée, déjà utilisée en juin dernier, est aussi évoquée pour sortir de l’impasse politique.
Rassurer sur l’Économie, Écarter la Démission
Face aux inquiétudes sur les conséquences économiques d’une chute du gouvernement, Emmanuel Macron se veut rassurant. « Il ne faut pas faire peur aux gens avec ces choses-là, on a une économie forte », a-t-il déclaré. Quant aux appels à sa propre démission, il les balaie, les qualifiant de « politique-fiction » sans « aucun sens ».
La censure, c’est la vie des institutions, ça fait partie des outils de la Ve République.
Emmanuel Macron
Une ligne de crête périlleuse pour le président : dramatiser les enjeux sans trop en faire, au risque de s’exposer en première ligne. L’art délicat de la communication de crise, exercé à 4 000 kilomètres de Paris, sur les traces des Nabatéens. L’histoire retiendra-t-elle ce moment de diplomatie du patrimoine comme un intermède arabesque avant la tempête politique ? Réponse dans les prochaines heures, sur les bancs de l’Assemblée nationale.