Au cœur d’un Sahel en proie à l’instabilité, une visite diplomatique de haut rang vient de s’achever. Alexandre Novak, vice-Premier ministre russe en charge de l’Énergie, a effectué une tournée dans trois pays clés de la région : le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Un périple qui témoigne de la volonté de Moscou de renforcer ses liens stratégiques avec ces États gouvernés par des juntes militaires.
Une tournée sous le signe du rapprochement
Le voyage d’Alexandre Novak intervient dans un contexte particulier. Ces derniers mois, les trois pays sahéliens ont pris leurs distances avec la France, ex-puissance coloniale, pour se tourner vers la Russie. Un changement d’alliances qui n’est pas sans conséquences géopolitiques.
Selon une source proche du dossier, cette visite avait pour objectif de porter les relations historiques entre la Russie et ces États à un niveau stratégique encore plus élevé. Au menu des discussions : la lutte contre le terrorisme et le développement économique, deux enjeux majeurs pour cette région en crise.
Mali : coopération renforcée contre le terrorisme
Première étape de la tournée, le Mali. Alexandre Novak y a rencontré le chef de la junte, le général Assimi Goita. L’occasion de souligner l’importance d’une coopération accrue dans la lutte contre les groupes jihadistes qui sévissent dans le pays. Moscou entend bien jouer un rôle clé dans ce combat, alors que la France a annoncé son retrait militaire du Mali.
Burkina Faso : partenariat économique au cœur des échanges
Direction ensuite le Burkina Faso, où le vice-Premier ministre russe était accompagné d’une forte délégation composée de membres du gouvernement, de parlementaires et de représentants du secteur privé. Signe de l’importance accordée au renforcement du partenariat économique entre les deux pays. Lors d’une séance de travail avec le Premier ministre burkinabé, il a été noté que le pays se rapprochait des positions russes sur les scènes régionale et internationale.
Niger : focus sur l’énergie et les infrastructures
Dernière étape, le Niger. Accueilli par plusieurs ministres dont celui des Mines, Alexandre Novak a mis l’accent sur les projets d’envergure régionale en cours. Objectif : améliorer le quotidien des populations, notamment via l’accès à l’électricité et le développement des infrastructures de transport. Une coopération énergétique appelée à s’intensifier.
Parallèlement, un important lot de matériel militaire russe est arrivé à Niamey pour aider le pays à lutter contre les jihadistes. Un soutien apprécié par les autorités nigériennes.
Vers une redistribution des cartes au Sahel ?
Cette tournée d’Alexandre Novak illustre la volonté russe de s’imposer comme un partenaire incontournable au Sahel. Une offensive diplomatique qui intervient alors que la France voit son influence s’effriter dans son ancien pré carré. Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger pourrait être le prochain pays à remettre en cause les accords de coopération militaire avec Paris.
La Russie semble décidée à occuper le vide laissé par le désengagement français au Sahel. Moscou avance ses pions, économiques et militaires, pour asseoir son influence dans cette région stratégique.
– Un diplomate occidental en poste dans la région
Au-delà du Sahel, c’est toute l’architecture sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest qui pourrait être chamboulée. Le Tchad a mis fin jeudi à ses accords de défense avec la France. Et le Sénégal a affirmé que sa souveraineté ne s’accommodait pas de la présence de bases militaires françaises.
Dans ce contexte, la Russie apparaît comme une alternative de plus en plus crédible aux yeux de nombreux dirigeants africains. Reste à savoir si ce rapprochement se traduira par une stabilisation durable du Sahel, ou s’il ne fera qu’ajouter de la complexité à une situation déjà explosive. L’avenir nous le dira.