C’est une nomination qui ne manquera pas de faire parler. Donald Trump, qui reprendra en janvier prochain les rênes de la Maison Blanche, vient de désigner Mark Burnett comme nouvel émissaire des États-Unis au Royaume-Uni. Un choix étonnant au premier abord, mais qui illustre une fois de plus la volonté du président de s’entourer de personnalités issues du monde des médias et du divertissement.
Mark Burnett, un magnat de la téléréalité au service de la diplomatie
Pour ceux qui l’ignoreraient encore, Mark Burnett n’est autre que le créateur et producteur de l’émission de téléréalité à succès The Apprentice, celle-là même qui a propulsé Donald Trump sous le feu des projecteurs au milieu des années 2000. Pendant plus d’une décennie, le magnat de l’immobilier y a endossé le rôle du patron intransigeant, prononçant d’un ton sans appel son fameux « You’re fired! » à l’intention des candidats évincés.
Mais au-delà de ce coup de projecteur médiatique, c’est une véritable amitié qui unit les deux hommes. Donald Trump ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur son nouveau représentant à Londres :
Mark est réputé pour avoir créé et produit certaines des plus grandes émissions de l’histoire de la télévision. Il apportera un mélange unique d’expertise diplomatique et de reconnaissance internationale pour ce rôle important.
Donald Trump, communiqué de presse
Une nomination stratégique
Au-delà de l’effet d’annonce, la nomination de Mark Burnett s’inscrit dans une stratégie plus large de Donald Trump visant à renforcer les liens entre Washington et Londres. Le Royaume-Uni est en effet un allié historique et crucial des États-Unis, tant sur le plan diplomatique qu’économique.
Selon des sources proches de la Maison Blanche, Mark Burnett aura pour mission de travailler à l’amélioration des relations entre les deux pays, en se concentrant notamment sur des domaines d’intérêt mutuel comme le commerce, les opportunités d’investissement et les échanges culturels. Un programme ambitieux pour celui qui est davantage connu pour dénicher de futures stars de la télévision que pour ses talents de négociateur.
Une nouvelle ère pour la « relation spéciale » anglo-américaine ?
L’arrivée de Mark Burnett à Londres intervient dans un contexte particulier pour la « relation spéciale » qui unit les États-Unis et le Royaume-Uni. Si les deux pays restent des alliés indéfectibles, les turbulences politiques des dernières années, du Brexit à l’élection de Joe Biden en passant par la pandémie de Covid-19, ont quelque peu fragilisé ce partenariat historique.
La nomination d’un proche de Donald Trump à ce poste stratégique est donc un signal fort envoyé à Londres. Elle marque la volonté du président américain de renouer le dialogue et de renforcer la coopération entre les deux pays, à l’heure où les défis mondiaux exigent une coordination accrue entre alliés.
Les défis qui attendent Mark Burnett
Mais la tâche qui attend Mark Burnett s’annonce ardue. S’il peut compter sur sa notoriété et son entregent pour ouvrir des portes, il devra aussi faire ses preuves sur le terrain de la diplomatie. Les dossiers sensibles ne manquent pas, de la coopération en matière de renseignement à la coordination des politiques étrangères en passant par les négociations commerciales post-Brexit.
Le nouvel émissaire devra également composer avec un paysage politique britannique en pleine recomposition, marqué par l’arrivée récente de Rishi Sunak à Downing Street. Autant de défis qui exigeront de Mark Burnett des qualités d’adaptabilité et de persuasion, loin des paillettes des plateaux de télévision.
Une nomination qui ne fait pas l’unanimité
Si la Maison Blanche se félicite de ce choix audacieux, certaines voix s’élèvent déjà pour critiquer cette nomination atypique. Pour ses détracteurs, confier un poste aussi stratégique à une personnalité issue du monde du divertissement serait un pari risqué, susceptible de fragiliser la crédibilité de la diplomatie américaine.
D’autres observateurs s’inquiètent des liens étroits entre Mark Burnett et Donald Trump, craignant que l’émissaire ne se transforme en simple relais de la Maison Blanche à Londres. Des craintes balayées par l’intéressé, qui assure vouloir travailler en toute indépendance au renforcement des liens entre les deux pays.
Le pari de la différence
En nommant Mark Burnett, Donald Trump prend un pari audacieux. Celui de bousculer les codes de la diplomatie traditionnelle en misant sur une personnalité atypique, au risque de déstabiliser l’establishment diplomatic. Une stratégie en phase avec le style Trump, qui a fait de la transgression des normes établies sa marque de fabrique.
Reste à savoir si cette nomination coup de poker portera ses fruits. Mark Burnett parviendra-t-il à se faire une place dans le petit monde feutré de la diplomatie ? Sa créativité et son sens du spectacle seront-ils des atouts dans les négociations de haut vol qui l’attendent ? L’avenir nous le dira.
Une chose est sûre : en confiant les clés de l’ambassade de Londres à celui qui a su transformer Donald Trump en icône de la télévision, le président américain ne manquera pas de faire parler de lui. Et c’est peut-être là, au fond, l’essentiel.