Alors que le nouveau premier ministre François Bayrou a ouvert la porte à une reprise des discussions sur la très controversée réforme des retraites, le premier secrétaire du Parti Socialiste Olivier Faure a aussitôt fixé ses conditions. Au sortir d’un entretien à Matignon lundi matin, le leader de la rose a prévenu : pas question de donner un « chèque en blanc » au gouvernement sur ce dossier explosif.
Le PS exige des gages avant toute discussion
Pour envisager de s’abstenir lors d’un éventuel vote de confiance, Olivier Faure a posé plusieurs exigences :
- Un « changement de méthode » avec l’abandon du passage en force via le 49.3
- Un « changement de cap » avec la suspension de la réforme des retraites
- L’organisation d’une « conférence de financement » pour l’avenir du système
Le dirigeant socialiste s’est montré inflexible, jugeant que François Bayrou restait « filandreux » sur ces sujets. « Nous avons fait des gestes d’ouverture mais nous ne signerons pas de chèque en blanc », a-t-il martelé.
Bayrou « prêt à reposer la question » des retraites
Selon des sources proches des discussions, le nouveau locataire de Matignon se serait dit « prêt à reposer la question des retraites » lors de cet échange avec Olivier Faure. Une petite phrase lourde de sens alors que le sujet avait été le déclencheur d’une crise politique majeure ayant précipité la chute du précédent gouvernement.
En rouvrant ce dossier, François Bayrou prend le risque de réveiller les vieux démons et de braquer une partie de sa majorité. Mais il espère aussi pouvoir trouver un compromis avec une partie de la gauche, afin d’élargir son socle de soutiens à l’Assemblée nationale. Un pari risqué.
L’immigration, autre pomme de discorde
Autre sujet clivant : la politique migratoire. Olivier Faure a prévenu qu’il s’opposerait frontalement à tout projet de loi porté par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, issu de la droite dure. « Si le gouvernement s’aligne sur les vues de l’extrême-droite, nous n’hésiterons pas à déposer une motion de censure », a-t-il tonné.
« Je suis prêt à parler d’immigration, mais pas avec les mots de l’extrême-droite. »
Olivier Faure, premier secrétaire du PS
Enfin, le chef de file des socialistes a critiqué la volonté de François Bayrou de revenir sur la loi interdisant le cumul des mandats pour les parlementaires. Une « mauvaise idée » selon lui, car « quand on a deux emplois, on en fait souvent un mal ».
Un congrès du PS crucial
Ces prises de position offensives s’inscrivent dans un contexte interne particulier pour le PS. Le parti doit tenir début 2025 un congrès crucial pour son avenir. Olivier Faure, contesté en interne, joue son poste de premier secrétaire. En durcissant le ton face au gouvernement, il cherche à conforter son leadership et à imposer sa ligne.
Mais ce positionnement intransigeant comporte aussi des risques. S’il venait à refuser tout compromis, il pourrait être accusé de blocage et d’irresponsabilité en pleine crise politique et sociale. Un équilibre subtil donc, pour ce socialiste qui espère bien redistribuer les cartes à gauche.
La partie d’échecs qui se joue entre François Bayrou et Olivier Faure ne fait donc que commencer. Dans les prochains jours, les négociations vont se poursuivre pour tenter de trouver un terrain d’entente. Avec un objectif : éviter une nouvelle motion de censure qui pourrait faire tomber le gouvernement. Mais rien n’est moins sûr tant les positions semblent éloignées. Le feuilleton politique de l’été ne fait sans doute que commencer…