Le monde de la politique américaine est en ébullition suite à l’annonce fracassante du président élu Donald Trump. Celui-ci vient en effet de nommer Devin Nunes, l’actuel directeur général du réseau social Truth Social, au poste hautement stratégique de conseiller renseignement à la Maison Blanche. Une décision qui suscite de nombreuses interrogations quant aux futures orientations de l’administration Trump en matière de renseignement.
Un choix controversé mais assumé
Pour justifier ce choix audacieux, Donald Trump met en avant « l’expérience » de Devin Nunes, ancien président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants. Le président élu souligne notamment le « rôle clé » qu’aurait joué Nunes dans la révélation de ce qu’il qualifie de « canular sur la Russie », en référence à l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016.
Pourtant, cette nomination ne fait pas l’unanimité, y compris dans le camp républicain. Certains s’inquiètent des accointances de Devin Nunes avec l’univers des réseaux sociaux « alternatifs », Truth Social étant souvent pointé du doigt pour son manque de modération des contenus extrémistes. D’autres voient dans cette décision une volonté de Donald Trump de placer des fidèles à des postes clés, au détriment parfois de la compétence.
Un conseiller renseignement aux pouvoirs étendus
En tant que président du Conseil consultatif présidentiel sur le renseignement (PIAB), Devin Nunes aura pour mission de fournir à Donald Trump des « évaluations indépendantes » sur le travail et l’efficacité des agences de renseignement américaines. Un rôle crucial qui pose question au vu des prises de position passées de Nunes, accusé par ses détracteurs d’avoir politisé le comité du renseignement lorsqu’il le présidait.
Selon des sources proches de l’équipe de transition, Devin Nunes aurait toute la confiance de Donald Trump et disposerait d’une grande latitude pour remanier en profondeur le fonctionnement de la communauté du renseignement. Une perspective qui inquiète certains experts, craignant une dérive vers un usage partisan du renseignement.
Un grand ménage en perspective
La nomination de Devin Nunes s’inscrit dans une série de choix forts de Donald Trump pour son futur cabinet. Outre Nunes, le président élu a aussi nommé un autre de ses proches, Ric Grenell, au poste nouvellement créé d’envoyé présidentiel pour les missions spéciales. Grenell, qui fut un éphémère directeur du renseignement sous le premier mandat Trump, aura lui pour mission de traiter des dossiers sensibles à l’international comme le Venezuela ou la Corée du Nord.
Deux semaines plus tôt, c’est Kash Patel, autre fidèle de Donald Trump, qui avait été choisi pour diriger le FBI en remplacement de l’actuel directeur Christopher Wray. Des signaux forts envoyés par le futur locataire de la Maison Blanche, semblant confirmer sa volonté de reprendre en main les rouages du renseignement et de la sécurité intérieure.
Avec ces nominations, Donald Trump place ses pions pour façonner un appareil sécuritaire à son image. C’est un virage à 180 degrés par rapport à l’ère Biden.
– Une source proche des milieux du renseignement
Vers une redéfinition du rôle du renseignement ?
Au-delà des personnes, c’est bien une certaine vision du renseignement que semble vouloir imposer Donald Trump. Une approche plus politique, centrée sur la loyauté au président, qui tranche avec la tradition d’indépendance des agences. Un bouleversement qui pourrait durablement transformer les rapports de force au sein de l’appareil d’État.
Les premières décisions de Devin Nunes à son nouveau poste seront donc scrutées avec attention. Elles donneront une idée de la direction que compte prendre l’Administration Trump en matière de renseignement, et de la marge de manœuvre dont disposera réellement le nouveau conseiller. Une chose est sûre, son arrivée à la Maison Blanche marque un tournant majeur, dont les conséquences pourraient se faire sentir bien au-delà du mandat de Donald Trump.
Reste à savoir si cette reprise en main annoncée se fera au service de l’efficacité du renseignement américain, ou à des fins plus politiques. Une question centrale qui devrait alimenter bien des débats dans les prochains mois à Washington et au-delà. Car c’est bien le visage de la superpuissance américaine sur la scène internationale qui pourrait, in fine, se trouver redéfini par ces choix stratégiques aux allures de grand ménage.