Elle a été tour à tour l’incarnation d’une Syrie moderne et l’épouse controversée d’un dictateur. À 49 ans, Asma al-Assad, qui a passé la moitié de sa vie au Royaume-Uni dont elle détient la nationalité, n’y est désormais plus la bienvenue. Un exil forcé qui sonne comme le dernier acte d’une réputation ternie.
De Londres à Damas, un destin hors normes
Née et élevée à Londres au sein d’une famille syrienne aisée, Asma al-Assad, née Akhras, semblait promise à une brillante carrière dans la finance. Diplômée du King’s College, elle travaille chez Deutsche Bank et JP Morgan avant de rencontrer Bachar al-Assad à la fin des années 1990. Leur mariage en 2000, quelques mois après l’accession de Bachar à la présidence syrienne, marque un tournant.
À Damas, cette jeune femme chic et polyglotte incarne alors la promesse d’une Syrie moderne. Loin du style discret de sa belle-mère, elle révolutionne le statut de Première Dame. Les médias occidentaux la surnomment « la Lady Diana arabe » alors qu’elle accueille des célébrités comme Angelina Jolie et Brad Pitt.
La descente aux enfers
Mais le rêve tourne court. Avec le début de la révolte syrienne en 2011, son soutien indéfectible à son mari face à la répression sanglante signe sa disgrâce. Asma al-Assad fait l’objet de sanctions européennes dès 2012, pour avoir « tiré profit du régime syrien ». On l’accuse de s’être enrichie via son organisation caritative et le contrôle de pans entiers de l’économie syrienne.
Asma al-Assad est l’une des plus célèbres profiteuses de la guerre en Syrie.
Mike Pompeo, ex-Secrétaire d’État américain
Persona non grata au Royaume-Uni
Aujourd’hui, alors que le couple présidentiel aurait fui la Syrie pour Moscou selon certaines sources, le Royaume-Uni ferme définitivement sa porte à Asma al-Assad. Bien que détentrice d’un passeport britannique, la Première Dame syrienne n’est « pas la bienvenue » selon le chef de la diplomatie britannique.
Une position ferme qui soulève la question d’une éventuelle déchéance de nationalité, comme ce fut le cas pour certains ressortissants britanniques ayant rejoint le groupe État Islamique. Pour l’heure, le gouvernement se refuse à évoquer cette option.
Un avenir en suspens
Frappée par un cancer et une leucémie ces dernières années, Asma al-Assad voit son destin plus que jamais lié à celui de son époux dictateur. De ses années londoniennes, elle ne garde que l’amertume d’un pays qui lui refuse désormais l’asile. Un épilogue cruel pour celle qui incarnait autrefois l’espoir d’une Syrie ouverte sur le monde.
L’histoire d’Asma al-Assad est celle d’une ascension fulgurante suivie d’une chute vertigineuse. Un parcours romancé qui pose la question de la responsabilité individuelle face à un régime répressif. En refusant d’accueillir l’ancienne « Rose du Désert », le Royaume-Uni envoie un message clair : le soutien à un dictateur ne reste jamais impuni.