La Suisse, connue pour la vigueur de son économie et son faible taux de chômage, voit ce dernier augmenter légèrement en novembre. Selon les derniers chiffres officiels, le taux de sans-emploi atteint désormais 2,6%, soit une hausse de 0,1 point par rapport au mois précédent. Une évolution inattendue dans un contexte de marché du travail sous tension.
Un marché de l’emploi paradoxal
Malgré cette augmentation du chômage, le marché de l’emploi helvétique reste dynamique. Les entreprises peinent en effet à recruter, faisant face à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans de nombreux secteurs. Selon les experts, cette situation paradoxale s’explique par plusieurs facteurs :
- Un décalage entre les compétences recherchées et celles disponibles sur le marché
- Une mobilité géographique et professionnelle limitée des travailleurs
- Des attentes salariales élevées dans certains domaines très demandés
Cette tension sur le marché de l’emploi pousse les salaires à la hausse, créant des difficultés pour les entreprises qui doivent composer avec des coûts croissants dans un contexte économique incertain.
Des disparités sectorielles marquées
Si le taux de chômage reste globalement très bas en comparaison internationale, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. L’industrie manufacturière, en particulier la métallurgie et la mécanique, est sous pression en raison du ralentissement de la demande, notamment en provenance d’Allemagne.
Nous craignons une augmentation du chômage partiel et des licenciements dans l’industrie ces prochains mois si la situation ne s’améliore pas.
Propos recueillis auprès d’un représentant de la fédération de l’industrie suisse Swissmem
A l’inverse, les services, en particulier la santé, les technologies de l’information et la finance continuent d’afficher une forte demande de personnel qualifié. Des pénuries qui poussent ces branches à recruter activement, y compris à l’étranger.
Vers une stabilisation en 2024 ?
Les prévisions pour l’année prochaine tablent sur une stabilisation progressive du marché de l’emploi. La croissance économique devrait rester positive, bien que modérée, soutenant la création de postes.
Selon un rapport d’experts mandaté par le gouvernement :
Si les tensions inflationnistes et géopolitiques s’apaisent, l’économie suisse devrait retrouver un rythme de croisière permettant de stabiliser le taux de chômage autour de 2,5% en moyenne annuelle.
Un scénario plutôt optimiste donc, mais qui ne doit pas occulter les défis structurels auxquels est confrontée la Suisse :
- Le vieillissement de la population qui va peser sur le marché du travail
- La nécessité d’améliorer l’adéquation entre formation et besoins des entreprises
- La concurrence internationale croissante sur les talents
Autant d’enjeux cruciaux pour l’avenir du marché de l’emploi helvétique, qui doit impérativement renforcer son attractivité et son agilité dans un monde du travail en pleine mutation. La légère hausse du chômage en novembre, bien que préoccupante, ne doit pas masquer la bonne résistance globale de l’économie et de l’emploi suisses jusqu’ici.