Les propos chocs d’un ancien ministre israélien de la Défense ont provoqué un véritable séisme politique ce week-end. Lors d’une interview télévisée, Moshé Yaalon a en effet affirmé que l’armée israélienne menait actuellement un « nettoyage ethnique » dans la bande de Gaza, ravagée par la guerre depuis octobre dernier. Une déclaration explosive qui a immédiatement suscité un tollé au sein de la classe politique du pays.
« La route sur laquelle on est entraînés, c’est la conquête, l’annexion et le nettoyage ethnique »
C’est sur la chaîne DemocratTV que Moshé Yaalon a lâché cette bombe samedi. Interrogé sur la situation à Gaza, l’ex-ministre n’y est pas allé par quatre chemins :
La route sur laquelle on est entraînés, c’est la conquête, l’annexion et le nettoyage ethnique
Moshé Yaalon, ancien ministre de la Défense
Et lorsque la journaliste lui a demandé s’il pensait qu’Israël se dirigeait vers un « nettoyage ethnique », sa réponse a été on ne peut plus claire :
Que se passe-t-il là-bas ? Il n’y a plus de Beit Lahia, plus de Beit Hanoun, l’armée intervient à Jabalia et en réalité on nettoie le terrain des Arabes.
Moshé Yaalon
Des accusations particulièrement graves, qui ont immédiatement provoqué des réactions indignées chez les responsables politiques israéliens. Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a ainsi qualifié de « honte » le fait qu’Israël ait eu « un tel personnage comme chef de l’armée et ministre de la Défense ».
Un ancien faucon du Likoud devenu très critique
Pourtant, Moshé Yaalon n’a pas toujours tenu ce genre de discours. Cet ancien général de 74 ans, qui a été le chef d’état-major de Tsahal entre 2002 et 2005, a longtemps été considéré comme un « faucon » au sein du Likoud, le parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Après son passage à l’armée, il avait en effet intégré le Likoud et occupé les postes de ministre de la Défense et vice-Premier ministre, avant de claquer la porte en 2016 suite à des différends avec Netanyahu. Il s’était ensuite rapproché du centriste Yaïr Lapid avant de se retirer de la vie politique en 2021.
Mais visiblement, Moshé Yaalon n’a pas perdu son goût pour les déclarations fracassantes. Récemment, il avait déjà fait polémique en soutenant des soldats réservistes menaçant de ne plus servir, expliquant que s’il « avait été officier dans l’armée d’Hitler », il aurait aussi refusé certains ordres.
Un lourd bilan humain depuis le début de la guerre
Les propos de l’ancien ministre interviennent alors que la bande de Gaza est en proie à un conflit sanglant depuis le 7 octobre 2023. Ce jour-là, le Hamas avait lancé une attaque surprise ayant tué plus d’un millier de personnes côté israélien, en majorité des civils selon les autorités du pays.
En représailles, Tsahal avait immédiatement déclenché une vaste campagne militaire aérienne et terrestre qui se poursuit depuis. Et le bilan est particulièrement lourd pour la population palestinienne de l’enclave : 44 382 personnes, surtout des civils, y auraient été tuées selon les autorités locales et l’ONU.
Des chiffres effroyables, désormais accompagnés d’accusations de « nettoyage ethnique » par une figure majeure de la vie politique israélienne. De quoi jeter une lumière encore plus crue sur une guerre qui n’en finit pas de faire des victimes, dans l’indifférence quasi-générale de la communauté internationale…
