C’est un acte d’une rare violence qui a secoué la communauté éducative d’un lycée girondin. Jeudi dernier, des inscriptions antisémites ont été découvertes sur les murs et le parking de l’établissement des Graves, à Gradignan dans la banlieue bordelaise. Croix gammées, « Vive Hitler »… les tags, d’une agressivité extrême, ont suscité l’effroi et la condamnation unanime.
Mais ces dégradations ne s’arrêtent pas là. Selon des sources proches du dossier, un patronyme figurait également parmi les graffitis haineux. Il s’agirait à la fois de celui d’une enseignante et d’un élève du lycée, ciblés nommément par ces menaces antisémites. Face à la gravité de la situation, les autorités ont immédiatement réagi.
Une enquête ouverte, l’enseignante sous protection
Dès la découverte des inscriptions jeudi matin, la proviseure de l’établissement a porté plainte. L’enseignante visée pourra bénéficier du dispositif de protection fonctionnelle et a également déposé plainte. La police judiciaire de Bordeaux est chargée de l’enquête, avec pour mission prioritaire d’identifier le ou les auteurs de ces dégradations, mais aussi de déterminer si l’enseignante était bien personnellement ciblée par ces menaces.
Sur place, les services de police scientifique ont procédé à des relevés et prélèvements dans l’espoir d’identifier des suspects. Car cet acte odieux ne survient pas isolément : depuis plusieurs semaines, le lycée avait déjà fait l’objet de plusieurs intrusions, faisant l’objet d’une enquête distincte. Pour l’heure, aucun lien n’est établi entre ces événements mais la piste est étudiée.
Le rectorat mobilisé auprès des élèves et enseignants
Sous le choc, les lycéens et la communauté éducative peuvent compter sur le soutien et l’accompagnement du rectorat. Dès jeudi, une cellule d’écoute a été activée pour recueillir la parole des élèves et des enseignants confrontés à cet acte antisémite d’une extrême gravité. La direction des services académiques considère cet incident « avec beaucoup de sérieux ».
Vendredi, les équipes académiques Valeurs de la République se sont rendues sur place pour échanger avec les classes et aborder frontalement ces questions d’antisémitisme et de racisme. Un travail de longue haleine est annoncé pour sensibiliser sur la gravité de tels actes et accompagner durablement cet établissement d’ordinaire paisible.
«Nous faisons face à un incident d’une extrême gravité. Toutes les équipes académiques sont mobilisées aux côtés des élèves et des enseignants pour condamner fermement cet acte antisémite, soutenir et accompagner l’établissement dans la durée.»
Jérôme Paillette, adjoint au directeur académique de Gironde
Un acte qui ravive le spectre de l’antisémitisme
Cet événement, au cœur d’un établissement scolaire, vient raviver les inquiétudes quant à la montée de l’antisémitisme en France ces dernières années. Régulièrement, des actes de malveillance, des profanations de cimetières ou de lieux de culte viennent rappeler la persistance de la haine anti-juive. Un fléau qui n’épargne pas le milieu scolaire.
En 2020, 339 actes antisémites ont été recensés sur le territoire selon le ministère de l’Intérieur, en recul par rapport à l’année précédente mais toujours à un niveau élevé. L’école est en première ligne pour lutter contre ce phénomène inquiétant, par la prévention, l’éducation et des sanctions fermes.
Car derrière les chiffres et les condamnations publiques, ce sont des vies qui sont menacées, des destins et des vocations d’enseignants brisées. En 2018, le suicide de Jean Willot, professeur juif dans les Bouches-du-Rhône harcelé par un élève, avait suscité une vive émotion. Aujourd’hui, une autre enseignante est ciblée par la haine. L’institution se doit d’agir.
«La lutte contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme est un combat essentiel de l’école de la République. Face à la haine, nous devons faire front commun et agir avec la plus grande fermeté.»
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale
Un défi pour l’école de la République
Plus que jamais, l’Éducation nationale est attendue sur ces questions brûlantes. Discours de haine sur les réseaux sociaux, théories complotistes, négationnisme… Les vecteurs de l’antisémitisme se multiplient, touchant un public de plus en plus jeune. Et la communauté éducative est souvent en première ligne pour y faire face.
Formations des enseignants, interventions en classe, partenariats associatifs, projets pédagogiques… Les initiatives se multiplient pour sensibiliser les élèves dès le plus jeune âge. Car c’est bien à l’école que se joue en grande partie ce combat fondamental pour la cohésion nationale et les valeurs de la République.
Et quand l’antisémitisme pénètre les murs des établissements scolaires comme à Gradignan, c’est toute la communauté éducative qui vacille mais doit rester soudée. Face à la déferlante de haine, il y a l’urgence d’agir mais aussi l’impératif de ne pas se taire. Pour les victimes, pour les élèves, pour que l’école demeure ce rempart essentiel contre l’obscurantisme et le fanatisme.
Conclusion
Les tags antisémites découverts dans un lycée de Gironde suscitent l’indignation et appellent une réponse forte de l’institution. Avec un enseignant directement menacé, c’est l’école dans son essence même qui est attaquée par ce déferlement de haine.
Enquête, soutien aux victimes, actions de sensibilisation… Les premières réponses sont là mais devront s’inscrire dans la durée. Car ce n’est pas un acte isolé mais bien le symptôme d’un mal profond qui ronge notre société et s’immisce dangereusement dans nos écoles.
Il est urgent d’agir, à tous les niveaux, pour endiguer ce fléau. Les enjeux sont immenses : la protection de nos enseignants, la sérénité de nos écoles, la formation des citoyens de demain. La lutte contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme doit être une priorité absolue. Car c’est bien le visage de notre République qui se dessine chaque jour sur les bancs de l’école.