Ce dimanche, une nouvelle ère débute au Conseil européen avec l’arrivée à sa tête d’Antonio Costa, l’ancien Premier ministre portugais. Cet habile tacticien est chargé d’une mission délicate mais cruciale : mettre d’accord les 27 pays de l’Union européenne, où la recherche du compromis relève souvent d’un art difficile. Ses talents de négociateur seront plus que jamais nécessaires dans ce cénacle où il succède au Belge Charles Michel.
Un président au service de l’unité européenne
Lors de la cérémonie de passation de pouvoirs vendredi à Bruxelles, Antonio Costa a réaffirmé sa volonté de « devenir le président de tous les membres du Conseil européen ». Mais il a aussi tenu à nuancer son propos :
L’unité est l’élément vital de l’Union européenne, mais nous ne devons pas ignorer nos divergences d’opinions.
Les 27 chefs d’État et de gouvernement qui l’ont désigné en juin espèrent qu’il saura pleinement endosser son rôle de médiateur, y compris avec la Commission européenne. Son entourage le voit avant tout comme « un constructeur d’unité entre les leaders ».
Un parcours marqué par la résilience
Né à Lisbonne en 1961 dans une famille d’intellectuels, Antonio Costa s’est très tôt engagé en politique, rejoignant les jeunesses socialistes dès 14 ans. Avocat de formation, il a gravi les échelons jusqu’à devenir en 2015 Premier ministre du Portugal, à l’issue d’élections qu’il avait pourtant perdues.
Un exemple marquant de sa capacité à rebondir face à l’adversité est survenu l’an dernier. Cité dans une affaire de corruption semblant finalement peu étayée, il a préféré démissionner. Entendu par la justice fin mai, il n’a pas été inculpé.
Un atout pour étendre l’influence européenne
Le pragmatisme et la persévérance d’Antonio Costa, allié à ses origines métissées (son père descendant d’une grande famille de Goa, ancien comptoir colonial portugais en Inde), pourraient être des atouts précieux pour l’UE. Ses proches estiment que son histoire pourrait l’aider à tisser des liens avec des régions du monde où l’Europe peine à faire entendre sa voix, face à l’influence grandissante de la Chine et de la Russie.
L’UE doit trouver des moyens de s’engager dans des partenariats dans un monde multipolaire, avec sept continents différents et 193 pays.
Antonio Costa
Selon lui, le bloc européen doit « abandonner les concepts tels que le Sud global ou le Nord global » et reconnaître leur pluralité, tout en défendant « des causes mondiales » comme la lutte contre la pauvreté, le changement climatique et la préservation des océans.
Nul doute que les talents de négociateur et la vision d’Antonio Costa seront d’une grande utilité pour tenter de renforcer l’unité et le poids des 27 sur la scène internationale, dans un contexte géopolitique de plus en plus complexe et concurrentiel. Les Européens attendent beaucoup de cette nouvelle présidence portugaise pour faire avancer leurs intérêts communs.