Le procès hors-normes des viols en série de Mazan qui se tient actuellement en France bouscule les consciences bien au-delà des frontières. En Allemagne, la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser a appelé mercredi à entendre “le message” de Gisèle Pelicot, la principale victime et figure emblématique de cette affaire retentissante.
Sur le réseau social X (anciennement Twitter), la ministre allemande a écrit que “l’affaire Gisèle Pelicot bouleverse et laisse sans voix. En même temps, Mme Pelicot adresse un message aux victimes féminines de violences sexuelles : la honte doit changer de camp.” Des mots forts qui résonnent alors que les plaidoiries de ce procès fleuve, débuté il y a près de trois mois, viennent de commencer.
Gisèle Pelicot, symbole de la lutte contre les violences sexuelles
Au fil des audiences largement suivies par les médias internationaux, Gisèle Pelicot, 71 ans, s’est imposée comme un symbole puissant. Son calvaire, des viols à répétition commis par son mari et des dizaines d’hommes alors qu’elle était préalablement droguée aux anxiolytiques, incarne les enjeux cruciaux des débats actuels sur le consentement et la soumission chimique.
Lors de sa dernière prise de parole mardi, cette femme meurtrie mais combative a dénoncé avec force une société “machiste et patriarcale”. Elle a invité la société à “changer de regard sur le viol”, martelant que “ce sont les auteurs qui doivent changer pour endiguer la violence faite aux femmes”.
L’Allemagne sensibilisée aux violences faites aux femmes
Comme partout dans le monde, l’affaire Gisèle Pelicot trouve un écho considérable en Allemagne. Le fait qu’une ministre de premier plan comme Nancy Faeser s’empare publiquement du sujet en dit long sur l’impact de ce procès au-delà des frontières françaises.
Cette prise de position intervient alors qu’une étude publiée mardi a révélé une hausse inquiétante des violences faites aux femmes en Allemagne en 2022 par rapport à l’année précédente. Qu’il s’agisse de féminicides, violences intrafamiliales, viols ou traite d’êtres humains, tous les indicateurs sont au rouge. “Presque chaque jour, une femme ou une fille est tuée en Allemagne. Je suis bouleversée en voyant ces chiffres”, a commenté la ministre.
Un procès pour impulser un changement sociétal
Au-delà du verdict très attendu, beaucoup espèrent que le procès de Mazan et le courage de Gisèle Pelicot serviront de catalyseur pour faire évoluer les mentalités. Car comme l’a souligné l’avocate générale lors de son réquisitoire, “les mots de Gisèle décrivent la réalité de toutes celles qui subissent des violences sexuelles”.
Ce procès, c’est un moment historique de libération de la parole des femmes, de prise de conscience. Il doit nous obliger collectivement à agir.
Maître Negar Haeri, avocate des parties civiles
En brisant les tabous, en mettant des mots sur l’indicible, Gisèle Pelicot a ouvert la voie. A la société maintenant de se saisir de ce “message” pour engager, enfin, les changements profonds que les victimes attendent. Comme l’a dit la ministre allemande, “la honte doit changer de camp”. Le procès de Mazan pourrait bien marquer un tournant décisif dans ce combat.
