C’est un fait divers choquant qui s’est déroulé dans la nuit de mardi à mercredi à Goussainville, dans le Val-d’Oise. Vers 23 heures, plusieurs individus se sont introduits dans un pavillon de la rue Gaston Gressier et ont violemment agressé les occupants. Mais il ne s’agissait pas d’un cambriolage qui a mal tourné. Selon les premiers éléments de l’enquête, les victimes seraient des vendeurs de cigarettes à la sauvette. Et leurs agresseurs, probablement des membres d’un réseau concurrent…
Une expédition punitive sur fond de trafic
D’après une source proche du dossier, tout indique qu’il s’agirait d’un règlement de comptes entre trafiquants de cigarettes. Les trois occupants du pavillon, âgés d’une trentaine d’années, sont connus des services de police pour se livrer à la vente illégale de tabac dans le secteur. Une activité lucrative qui attise les convoitises et engendre de violentes rivalités entre réseaux.
Cette nuit-là, les agresseurs, dont le nombre exact n’a pas été précisé, ont fait irruption au domicile des victimes, visiblement déterminés à en découdre. Armés et le visage dissimulé, ils ont roués de coups les trois hommes, avant de prendre la fuite. Un véritable déferlement de violence qui n’a laissé aucune chance aux vendeurs à la sauvette, surpris dans leur sommeil.
Deux blessés légers, un touché par un tir
Fort heureusement, leurs jours ne sont pas en danger. Deux des victimes s’en sortent avec des ecchymoses et des contusions. La troisième a eu moins de chance : elle a été atteinte à la cuisse par un tir de pistolet à grenaille. Cette arme, chargée de billes de plomb, est certes non létale mais reste très dangereuse et peut infliger de sérieuses blessures, surtout à bout portant. Son utilisation est d’ailleurs rigoureusement encadrée.
Les trois hommes ont été pris en charge par les secours et transportés à l’hôpital pour y recevoir des soins. Ils devraient pouvoir en sortir rapidement. L’enquête, confiée au commissariat local, va devoir déterminer les circonstances exactes et le mobile de cette agression. Si la piste du conflit entre trafiquants semble privilégiée, toutes les hypothèses restent pour l’instant ouvertes.
Le trafic de cigarettes, une économie parallèle qui génère la violence
Ce déferlement de violence n’a hélas rien d’exceptionnel dans le milieu du trafic de cigarettes. La vente à la sauvette, qui permet d’écouler des tonnes de tabac de contrebande à prix cassés, en dehors de tout contrôle, représente un véritable business. Avec à la clé des revenus considérables, mais aussi une concurrence féroce entre réseaux.
Pour s’assurer le monopole sur un secteur, certains trafiquants n’hésitent pas à recourir à la manière forte contre leurs rivaux. Passages à tabac, intimidations, représailles… Les guerres de territoire peuvent vite dégénérer. En région parisienne, les altercations à coups de couteau ou même d’armes à feu sont fréquentes aux abords des points de deal.
Le trafic de cigarettes est devenu un véritable fléau, avec son propre système organisé, ses clans, ses luttes de pouvoir. C’est toute une économie parallèle qui prospère et qui n’hésite pas à recourir à la violence pour se protéger.
Un Officier de Police spécialisée dans la lutte contre les trafics
Des méthodes de plus en plus violentes
Et les trafiquants rivalisent d’imagination pour imposer leur loi. Home-jackings ciblés, comme celui de Goussainville, mais aussi guet-apens, expéditions punitives, actes de barbarie… Tous les coups semblent permis pour évincer la concurrence et régner en maître sur son territoire. Sans parler des victimes collatérales, riverains ou passants, qui peuvent se retrouver pris entre deux feux.
Face à cette violence qui va crescendo, les autorités peinent à endiguer le phénomène. La vente à la sauvette, en apparence anodine, cache en réalité des filières extrêmement structurées, avec des ramifications jusqu’à l’international. Un trafic tentaculaire, qui brasse des millions d’euros et infiltre l’économie légale, avec la complicité de grossistes et d’intermédiaires peu scrupuleux.
Enrayer l’engrenage
Pour les forces de l’ordre, c’est un véritable jeu du chat et de la souris qui se joue au quotidien. Malgré les opérations coup de poing, les saisies record, le démantèlement de réseaux, le trafic perdure et s’adapte, tirant profit des failles du système. Un constat amer pour les policiers et magistrats en première ligne :
On a parfois le sentiment de vider l’océan à la petite cuillère. Dès qu’un réseau est démantelé, un autre prend le relais dans la foulée. Il faut durcir les sanctions, donner plus de moyens pour mener des enquêtes d’envergure, sinon on n’arrivera pas à enrayer cet engrenage infernal.
Un Magistrat
Reste à savoir si ce énième fait divers, aussi choquant soit-il, fera réagir les pouvoirs publics. Car au-delà de la lutte contre les trafiquants, c’est tout un pan de l’économie souterraine qu’il faut assainir et réguler. Un défi immense, qui nécessitera une réponse globale et des moyens à la hauteur de l’enjeu. Faute de quoi, les violences continueront inexorablement…