En pleine guerre d’Israël contre le Hamas et le Hezbollah sur plusieurs fronts depuis plus d’un an, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’est rendu ce jeudi à Jérusalem pour des entretiens de haut niveau. Une visite qui intervient alors que les relations entre Paris et l’État hébreu traversent une phase de turbulences.
Un “dialogue exigeant” sur Gaza et le Liban
C’est muni d’un message ferme que le chef de la diplomatie française a fait le déplacement en Israël. Comme il l’a précisé sur son compte X (ex-Twitter), Jean-Noël Barrot est venu “pour poursuivre un dialogue exigeant sur le Liban et sur Gaza”. Deux théâtres où l’armée israélienne affronte depuis octobre 2023 les mouvements chiites Hezbollah et Hamas, soutenus par l’Iran.
Le ministre s’était déjà rendu dans le pays il y a moins d’un mois, pour le premier anniversaire de l’attaque sanglante lancée par le Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre 2023. Une date marquée par l’enlèvement de nombreux soldats et civils israéliens, dont deux Franco-Israéliens, Ohad Yahalomi et Ofer Kalderon.
Plaidoyer pour les otages français de Gaza
Arborant le ruban jaune, symbole des 97 otages encore aux mains du Hamas, dont 34 sont considérés comme morts, Jean-Noël Barrot a rencontré à Tel-Aviv les proches des deux captifs franco-israéliens. Un geste fort pour maintenir la pression sur le groupe islamiste et exiger leur libération.
Le dialogue avec Israël n’a jamais été rompu.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères
Échanges de haut niveau malgré les tensions
Selon ses services, le ministre devrait également s’entretenir avec Ron Dermer, proche conseiller du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Un tête-à-tête crucial alors que les relations entre Paris et Jérusalem se sont nettement tendues ces dernières semaines, sur fond de critiques françaises contre “la barbarie” d’Israël à Gaza. Des propos qui ont ulcéré l’État hébreu.
Pour autant, Jean-Noël Barrot l’a assuré : “Le dialogue n’a jamais été rompu” entre les deux pays. La France, qui a multiplié les visites ministérielles en Israël depuis un an, entend maintenir des canaux de discussion ouverts. Avec un objectif : obtenir un cessez-le-feu à Gaza et “le respect du droit international humanitaire” dans ce territoire palestinien assiégé et dévasté par la guerre.
Étape symbolique à Jérusalem-Est
Après ses entretiens à Jérusalem-Ouest, le chef de la diplomatie française se rendra sur le mont des Oliviers, dans la partie orientale de la ville, occupée et annexée par Israël depuis 1967. Il visitera le domaine national français de l’Eleona, qui abrite un monastère bénédictin. Un déplacement à forte portée symbolique.
Car au-delà des dossiers brûlants de Gaza et du Liban, la question du statut de Jérusalem reste un point de friction majeur entre Israël et la communauté internationale, France en tête. Paris, comme l’ONU, considère Jérusalem-Est comme un territoire palestinien occupé. Mais pour l’État hébreu, c’est sa capitale “éternelle et indivisible”.
En se rendant sur place, Jean-Noël Barrot enverra un message clair : malgré les turbulences actuelles, la France n’entend pas transiger sur sa position historique. Un signal fort à l’attention d’Israël, mais aussi des Palestiniens qui voient en Paris un soutien essentiel pour leurs aspirations à un État.
Une médiation française à l’épreuve du feu
Mais la marge de manœuvre française apparaît étroite. Sur le terrain, c’est bel et bien la logique de guerre qui prévaut. Ni Israël ni le Hamas ne semblent prêts à déposer les armes, malgré les appels internationaux. Et à Paris, le soutien traditionnel aux Palestiniens se heurte à une réalité implacable : face à la menace islamiste, Israël reste un allié sécuritaire clé.
Pour Jean-Noël Barrot, c’est donc un véritable numéro d’équilibriste qui s’annonce, entre fermeté sur les principes et pragmatisme politique. Un exercice périlleux qui testera la capacité de la France à peser dans un conflit qui ne cesse de s’envenimer. La route vers la paix semble encore bien longue et semée d’embûches.