Alors que la plus grande conférence internationale sur la nature touche à sa fin, la présidence colombienne de la COP16 sur la biodiversité vient de dévoiler un projet d’accord de dernière minute. Ce compromis, proposé ce vendredi matin, porte sur deux points cruciaux : le financement et le contrôle des efforts que l’humanité s’est engagée à réaliser d’ici 2030 pour enrayer la destruction de la nature.
Un bras de fer financier tendu jusqu’au bout
Depuis 12 jours, les négociations étaient dans l’impasse, cristallisées autour d’un bras de fer financier opposant pays riches, émergents et en développement. La résolution de ce conflit est pourtant cruciale pour permettre l’application de la feuille de route mondiale adoptée il y a deux ans par les 196 pays membres de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CBD). L’objectif : stopper la destruction du vivant d’ici 2030.
Face à ces blocages, la présidence colombienne a pris les devants en présentant des textes alternatifs sur les trois points les plus tendus :
- Les règles de contrôle de l’application de la feuille de route
- La mobilisation des milliards nécessaires pour la réaliser
- Le partage des bénéfices réalisés par les entreprises (pharmaceutiques et cosmétiques en tête) avec les données génétiques numérisées issues de plantes et animaux de pays en développement
Les négociations reprennent, l’espoir d’un accord ce soir
Dès vendredi matin, les négociations ont repris sur la base de ces nouveaux documents, avec l’espoir d’obtenir une adoption en plénière dans la soirée. Cependant, de nombreux participants au sommet de Cali s’attendent à un prolongement des débats jusqu’à samedi. Le centre de conférence, niché au cœur d’une luxuriante vallée des Andes, pourrait donc vibrer encore quelques heures au rythme des tractations diplomatiques.
Vers un nouveau fonds d’aide pour les pays en développement
La présidence colombienne propose de lancer un « processus » de négociations pour parvenir, d’ici la COP17 en 2026 en Arménie, à la création d’un nouveau fonds destiné à recevoir l’aide des pays riches aux pays en développement. Il s’agit d’une demande pressante de ces derniers, qui jugent les fonds multilatéraux actuels difficiles d’accès et défavorables dans leur gouvernance.
Les pays développés se sont engagés à porter leur aide annuelle pour la sauvegarde de la nature à 30 milliards de dollars en 2030, contre environ 15 milliards en 2022 selon l’OCDE. S’ils sont hostiles à la multiplication des fonds d’aide au développement, le texte ouvre la porte à un élargissement de la base des contributeurs, ce qu’ils réclament pour intégrer la Chine et certaines puissances émergentes.
Un « Fonds Cali » pour le partage des bénéfices
La présidence propose aussi que les entreprises d’une certaine taille utilisant les données génétiques numérisées versent 0,1% de leurs revenus ou 1% de leurs bénéfices à un mécanisme baptisé le « Fonds Cali », dont le principe avait été adopté à la COP15. Placé sous l’égide de l’ONU, ce fonds aurait pour mission de répartir l’argent récolté avec les communautés et pays ayant conservé ces ressources à travers les siècles.
La nature au cœur des enjeux internationaux
Cette COP16 sur la biodiversité, malgré les difficultés rencontrées, marque une étape importante dans la prise de conscience mondiale de l’urgence à agir pour la protection de la nature. Les enjeux sont immenses : enrayer la destruction des écosystèmes, stopper l’extinction des espèces, préserver les services vitaux rendus par la nature aux sociétés humaines.
Les prochaines heures seront décisives pour savoir si la communauté internationale parviendra à surmonter ses divergences et à s’accorder sur les moyens concrets de réaliser ces objectifs ambitieux. Les regards du monde entier sont tournés vers Cali, dans l’espoir qu’un compromis historique émerge de ces négociations marathons. L’avenir de la biodiversité, et avec elle celui de l’humanité, en dépend.