Mardi 29 octobre, c’était au tour de Louis Aliot, maire de Perpignan et vice-président du Rassemblement national, d’être interrogé par le tribunal de Paris dans le cadre du procès des assistants parlementaires du parti. Placé en grande difficulté, il a tenté tant bien que mal de justifier le travail effectué par son ancien collaborateur au Parlement européen. Un exercice périlleux qui a suscité le scepticisme des juges.
Un assistant parlementaire recruté sans entretien
Première question épineuse pour Louis Aliot : pourquoi avoir recruté Laurent Salles comme assistant parlementaire en 2014 sans même lui faire passer d’entretien ? Le maire de Perpignan botte en touche :
On est au FN. On me recommande quelqu’un qui est débrouillard, je le prends tel quel.
Louis Aliot
Mais l’enquête n’a retrouvé aucune trace d’un quelconque travail de Laurent Salles pour Louis Aliot, mis à part un unique SMS échangé en huit mois et une galette des rois partagée lors d’un événement du parti. La présidente du tribunal souligne que tout indique que l’assistant travaillait en réalité pour l’organisation des grands événements du RN, comme l’avait confirmé Yann Le Pen, sœur de Marine Le Pen.
Le « tri du courrier », une tâche à plein temps ?
Louis Aliot maintient sa version et affirme que Laurent Salles effectuait pour lui un « travail assez simple » : le tri de son courrier, « deux fois par jour ». Une tâche suffisante pour occuper un assistant à temps plein rémunéré 2560 euros par mois ? La présidente s’étonne. L’eurodéputé RN détaille alors ce fameux tri :
- Écarter les lettres des « fous qui écrivent »
- Séparer les courriers techniques et politiques
- Réorienter vers d’autres assistants à Perpignan ou Bruxelles
- Faire des « synthèses orales » à Louis Aliot
Des explications qui peinent à convaincre le tribunal, d’autant qu’il n’existe aucune trace écrite de ce travail, Louis Aliot se chargeant lui-même d’emmener le courrier trié à Perpignan ou Bruxelles.
Un contrat interrompu au bout de 8 mois
Le contrat de Laurent Salles avait finalement été interrompu au bout de huit mois car « cela ne lui plaisait pas », selon Louis Aliot. Il avait aussitôt été embauché par une autre eurodéputée RN, avant que celle-ci n’annule en catastrophe ce nouveau contrat, l’enquête du Parlement européen sur des soupçons d’emplois fictifs venant d’être rendue publique.
Louis Aliot aura bien du mal à dissiper les doutes sur la réalité du travail de son ancien assistant parlementaire. Son témoignage illustre les graves dysfonctionnements au sein du Rassemblement national, déjà pointés du doigt à plusieurs reprises lors de ce procès fleuve qui jette une lumière crue sur les pratiques du parti à Bruxelles et Strasbourg.