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Nouveau Front populaire : de l’espoir à la désillusion

L'euphorie a laissé place à la désillusion chez les électeurs du NFP. Incapables de s'accorder sur un nom pour Matignon, les partis de gauche risquent de décevoir les espoirs suscités. Retour sur 10 jours d'intenses tractations qui usent la patience des Français.

Au soir du 7 juillet, les électeurs de gauche se sont couchés l’esprit léger, bercés par un doux parfum d’espoir et de victoire. Contre toute attente, leur « Nouveau Front populaire », alliance de circonstance scellée à la hâte après la dissolution de l’Assemblée nationale, venait d’arriver en tête des élections législatives. Une union imparfaite mais porteuse de promesses, laissant entrevoir l’opportunité historique d’un vrai renouveau à gauche.

Pourtant, dix petits jours ont suffi à doucher cet enthousiasme. Plombés par leurs rivalités et leurs ego, incapables de se mettre d’accord sur un nom pour Matignon, les responsables de gauche sont en train de gâcher la dynamique créée dans les urnes. « J’ai eu l’espoir qu’enfin, les figures pénibles de la gauche mettent leurs inimitiés de côté pour bâtir un projet commun », soupire Juliette, une électrice. Comme elle, de nombreux Français s’impatientent face au triste spectacle de ces petits chefs multipliant les postures.

Un casting impossible pour Matignon ?

Le cœur du problème, c’est le poste de Premier ministre. Qui pour incarner cette gauche plurielle revenue de nulle part ? Jean-Luc Mélenchon, âme de la France Insoumise (LFI) et architecte de l’accord, semblait le choix naturel. Mais son autoritarisme et son passif clivant effraient ses partenaires comme une large partie de l’opinion. Résultat, ses alliés « Nupes » ont tous rejeté sa candidature, non sans arrière-pensées.

Depuis, c’est le blocage. LFI refuse d’entendre parler d’un Premier ministre issu d’un autre parti que le sien, fort de son poids électoral. Le PS, EELV et le PCF pestent contre cet égoïsme et brandissent l’épouvantail Mélenchon pour justifier leurs réticences. Chaque camp campe sur ses positions, incapable de sortir de l’impasse pour proposer un nom rassembleur et crédible. Un casting mission impossible ?

Le spectre du « grand gâchis »

Pendant ce temps-là, les Français regardent médusés ce désolant jeu de rôles. Eux qui avaient vu dans le NFP un espoir de renouvellement et de rassemblement de la gauche n’en reviennent pas. « J’ai l’impression qu’on assiste à un grand gâchis, que nos votes ne comptent pas », déplore Lucas, 42 ans. « Ils avaient une chance historique, et ils sont en train de tout gâcher avec leurs chamailleries puériles. »

Tandis que les négociations patinent, le temps presse. Car après deux échecs cuisants en 2017 et 2022, cette union des gauches était peut-être la dernière carte à jouer pour peser dans le débat public. En dilapidant ce capital, en ignorant la volonté des électeurs, LFI et ses partenaires prennent le risque d’une déception majeure et d’un retour durable dans l’opposition.

De l’espoir au grand gâchis, il n’y a qu’un pas. Aux responsables de gauche de trouver en urgence un Premier ministre de consensus, pour ne pas transformer leur belle victoire en défaite morale et politique.

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