Samedi à Buenos Aires, le XV de France s’est incliné 33-25 face à l’Argentine malgré un beau sursaut après la pause qui laissait augurer d’un scénario différent. Mais les Pumas ont su résister au retour des Bleus pour finalement l’emporter grâce notamment à une charnière exceptionnelle et des avants dominateurs. Voici notre analyse des tops et flops de ce match intense et riche en enseignements.
La charnière Bazán Velez – Carreras au sommet de son art
Omniprésents et incisifs, le demi de mêlée Lautaro Bazán Velez et l’ouvreur Santiago Carreras ont réalisé un match énorme, faisant vivre un enfer à la défense française. En imposant un rythme effréné et en se montrant constamment au soutien de leurs avants, ils ont rendu le match totalement fou. Leur vista et leur science du jeu ont fait merveille.
Bazán Velez a donné le tournis avec ses lancements fulgurants et ses passes laser. Il est à l’origine de plusieurs franchissements qui ont fait mal aux Bleus. Quant à Carreras, il a marqué 13 points au pied en réussissant un 100% face aux perches. Mais c’est surtout son essai somptueux après une touche et une feinte de passe qui restera dans les mémoires. Le futur joueur de Gloucester a prouvé qu’il avait l’étoffe d’un grand numéro 10.
Les avants argentins ont dominé les débats
Si la charnière a brillé, c’est aussi grâce au travail abattu par le pack argentin, ultra dominateur dans l’engagement et en conquête. Que ce soit en mêlée fermée ou sur les ballons portés, les Pumas ont constamment avancé et pris le dessus sur leurs vis-à-vis. Le symbole de cette suprématie ? L’essai de pénalité logiquement accordé après une série de mêlées proche de la ligne française.
Avec 4 essais inscrits par ses avants sur les 5 au total, l’Argentine s’est appuyée sur ses points forts traditionnels pour faire plier le XV de France.
Fabien Galthié, sélectionneur des Bleus
Le pilier Eduardo Bello a montré la voie en marquant le premier essai argentin au terme d’une série de pick and go ravageurs. Son compère remplaçant Thomas Gallo a enfoncé le clou en inscrivant un doublé sur ballons portés en seconde période. Les Bleus n’ont pu que constater les dégâts…
Colombe plombe les Bleus avec son carton jaune
Alors que les Bleus avaient réussi à recoller au score grâce aux essais d’Emilien Gailleton et Théo Attisogbe, ils ont été coupés dans leur élan par le carton jaune reçu par le pilier George-Henri Colombe à la 56e minute. Un fait de jeu lourd de conséquence, puisque les Pumas ont immédiatement enfoncé le clou en inscrivant deux essais par Gallo pendant l’infériorité numérique française.
On prend deux essais casquette qui nous font très mal. C’est dommage car on était bien revenus et on avait le match en mains.
Antoine Frisch, centre du XV de France
Malgré la rentrée de Baptiste Jauneau pour sa première cape à la mêlée, les Bleus ne sont pas parvenus à refaire leur retard en fin de match. Et ce carton jaune a sans doute fait basculer la rencontre côté argentin, même si les Français peuvent nourrir des regrets.
Baptiste Serin en patron et buteur
Capitaine exemplaire de ce XV de France new look, Baptiste Serin a montré la voie à ses jeunes coéquipiers. Précieux à la mêlée, il a parfaitement animé le jeu malgré la pression adverse. Mais c’est surtout au pied que le Toulonnais s’est illustré, inscrivant 10 points grâce à une pénalité et surtout deux transformations importantes.
Il a aussi contribué au premier essai français en servant parfaitement Théo Attisogbe après un bon suivi derrière un contre de Mickaël Guillard. Dans ce match au score serré, la réussite de Serin face aux perches a permis aux Bleus d’y croire jusqu’au bout, avant que la fin de match ne leur échappe. Mais le Toulonnais a prouvé qu’il avait l’étoffe d’un leader.
La paire de centres Frisch-Gailleton en dedans
Très en vue lors du premier test la semaine passée, Antoine Frisch et Émilien Gailleton ont été plus discrets, voire en difficulté sur certaines séquences défensives. Le Toulonnais Frisch, qui forme avec Gailleton une paire prometteuse, a été plusieurs fois pris à défaut, notamment sur l’essai de Santiago Carreras.
Malgré un sursaut en seconde période avec un essai opportuniste de Gailleton après un contre, les deux jeunes trois-quarts français n’ont pas eu le même rendement que lors du premier match. Mais leur talent et leur potentiel restent évidents dans l’optique de la Coupe du monde.
Au final, ce revers en Argentine n’enlève rien à la qualité du travail accompli pendant cette tournée par le staff du XV de France. Avec de nombreux nouveaux joueurs et des cadres laissés au repos, les Bleus ont montré un visage intéressant et provoqué une saine émulation à un an du Mondial. Les enseignements sont nombreux et Fabien Galthié aura des choix à faire. Mais cette défaite contre des Pumas revanchards et dominateurs rappelle que rien n’est jamais acquis au plus haut niveau, même quand on est champion en titre du Tournoi des 6 Nations.