C’est une tragédie qui secoue la Roumanie. Mardi, une randonneuse de seulement 19 ans a été attaquée et tuée par un ours dans les spectaculaires Alpes de Transylvanie, au centre du pays. La jeune femme, originaire de Bucarest selon des sources judiciaires, effectuait une randonnée avec son compagnon sur un circuit très prisé quand le drame s’est noué.
Malgré un appel aux secours, l’intervention des sauveteurs n’a pu éviter l’issue fatale. Le corps sans vie de la victime a été découvert dans un ravin difficile d’accès où l’animal l’avait traîné. L’ours, qui s’en est également pris aux secouristes, a finalement été abattu. Une enquête devra faire la lumière sur les circonstances du drame et les conditions dans lesquelles le plantigrade a été tué.
Une émotion nationale, jusqu’au sommet de l’État
Au-delà de l’émotion suscitée par ce décès brutal, c’est tout un pays qui s’est emparé de ce fait divers. Les réactions sont remontées jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. Depuis le sommet de l’OTAN à Vilnius, le président roumain Klaus Iohannis a exprimé son inquiétude et sa consternation.
Je suis très inquiet et choqué par cet événement. Il y a trop d’ours, trop d’incidents, cela ne peut plus durer.
Klaus Iohannis, président de la Roumanie
Le chef de l’État, qui s’était lui-même promené dans ce secteur samedi dernier, a appelé à une loi respectant les normes européennes mais aussi la vie humaine. Même son de cloche du côté du gouvernement, où le Premier ministre Marcel Ciolacu veut réunir le Parlement en session extraordinaire sur ce sujet brûlant.
La difficile cohabitation avec les ours
Ce tragique accident remet en lumière la problématique de la forte présence des ours en Roumanie. Avec 6000 à 7000 individus selon les estimations officielles, le pays abrite la population la plus importante d’Europe. Une densité qui multiplie les situations conflictuelles :
- 26 personnes tuées par des ours ces 20 dernières années
- 274 personnes grièvement blessées sur la même période
- 7500 appels d’urgence liés aux ours rien qu’en 2023
Face à cette situation, les autorités tentent de trouver un équilibre entre la protection d’une espèce classée vulnérable et la sécurité des populations. En mars dernier, la Roumanie a demandé à l’Union Européenne de réévaluer le statut de conservation des ours et d’envisager une révision de leur niveau de protection.
Vers un assouplissement des règles ?
Si le Premier ministre a écarté l’hypothèse que “chacun se sente libre de tirer sur des ours”, des interventions locales pourraient être autorisées pour réguler la population et limiter les risques. Une piste soutenue par de nombreux élus locaux des zones concernées, mais qui divise les défenseurs de l’environnement.
L’ours brun figure en effet parmi les espèces protégées de l’Union Européenne. Toute mesure de gestion de sa population doit respecter un cadre législatif strict. La mort de cette jeune randonneuse pourrait cependant faire évoluer les mentalités et la réglementation. Un débat complexe et passionnel, à la hauteur de l’émotion suscitée par ce drame à travers toute la Roumanie.
