Culture

Les « Prête-Plumes »: Ces Fantomettes de l’Ombre

Ils écrivent dans l'ombre les mots des stars. Biographes de substitution, ils se glissent dans la peau de l'autre. Découvrez les coulisses d'un métier méconnu, entre abnégation et quête de reconnaissance. Qui sont vraiment ces « prête-plumes » ?

Ils sont les fantômes de la littérature, les Fantômettes de l’écriture. Dans l’ombre des célébrités, ils œuvrent en silence, prêtant leur plume aux stars le temps d’une biographie. Méconnus du grand public, les « prête-plumes » fascinent autant qu’ils intriguent. Véritable profession de l’ombre, elle demande abnégation, flexibilité et talent. Plongée dans les coulisses d’un métier hors du commun.

Écrire pour l’autre : un exercice d’équilibriste

Être prête-plume, c’est avant tout savoir se glisser dans la peau d’un autre. Comme le souligne Catherine Siguret, une des plus prolifiques du métier, il faut être capable d’une « fidélité absolue » envers la personne dont on raconte l’histoire. Pas question ici de romancer ou d’enjoliver, l’écrivain fantôme est au service de son sujet.

La nuit, je rêve des événements de sa vie, en étant lui ou elle.

– Catherine Siguret, autrice et prête-plume

Une fidélité qui confine parfois à l’obsession. Car pour réussir à retranscrire au mieux la voix, le rythme, le vocabulaire de l’autre, le prête-plume doit littéralement se laisser habiter par lui. Un exercice d’équilibriste qui n’est pas sans conséquence, comme le confie Catherine Siguret :

Faire un livre de prête-plume, c’est un hyperbridage de son imagination, il faut se faire violence. On se déforme, on se déguise pour devenir l’autre. Le métier demande un équilibre psychologique qui relève un peu du funambulisme.

– Catherine Siguret, autrice et prête-plume

La créativité étouffée par la fidélité ?

Si l’on en croit les principaux intéressés, le métier de prête-plume serait donc un savant mélange entre créativité débordante quand on écrit pour soi, et rigueur absolue quand on écrit pour les autres. Un grand écart pas toujours évident à tenir, et qui peut à la longue assécher la créativité de l’écrivain :

À la sortie d’un livre, je suis essorée et je mets deux mois à m’en remettre. Ma volonté de continuer le roman et d’arrêter d’être prête-plume vient de là, parce que je me vide complètement de mon énergie et de ma créativité en m’appliquant à coller à quelqu’un.

– Catherine Siguret, autrice et prête-plume

Un épuisement créatif qui explique peut-être en partie pourquoi les prête-plumes restent si méconnus. Comment briller par soi-même quand on passe son temps à se fondre dans l’ombre d’un autre ?

Invisibles mais indispensables

Pourtant, leur rôle est essentiel. Grâce à eux, des personnalités qui n’ont pas forcément la fibre littéraire peuvent tout de même coucher leur histoire sur le papier. Des anonymes aussi, comme se plaît à le faire Catherine Siguret, qui choisit souvent de donner la parole à des inconnus « qui méritent d’être connus ».

Prêter sa plume devient alors un véritable engagement, un « métier à impact social » qui donne du sens à une profession ingrate. Car dans ce métier de l’ombre, la lumière est rarement au rendez-vous pour ceux qui tiennent le stylo.

Le combat pour la reconnaissance

Longtemps considérés comme interchangeables par les éditeurs, les prête-plumes ont dû se battre pour faire reconnaître la singularité de leur talent et de leur travail. Au fil du temps, les mentalités évoluent doucement, et de plus en plus de nègres littéraires signent désormais les livres auxquels ils ont contribué.

C’est important d’avoir cette reconnaissance, sinon ce serait la profession la plus ingrate de la Terre. […] En cosignant, on a le sentiment d’avoir fait quelque chose.

– Catherine Siguret, autrice et prête-plume

Mais cette reconnaissance reste fragile, et nombreux sont les prête-plumes qui souffrent encore d’un manque de considération. Un combat de longue haleine pour ces fantômes de la littérature, qui rêvent de voir un jour leur nom briller sur la couverture des livres qu’ils écrivent.

Écrire, encore et toujours

Malgré tout, ils continuent d’écrire, encore et toujours. Par passion, par vocation, pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Des écrivains de l’ombre qui méritent eux aussi leur part de lumière.

Alors la prochaine fois que vous lirez les mémoires d’une star, prenez un instant pour penser à ces Fantômettes de la littérature. À ces prête-plumes sans qui beaucoup d’histoires ne seraient jamais racontées. Eux qui, inlassablement, dans l’ombre et le silence, donnent vie aux mots des autres.

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