C’est un procès très attendu qui s’ouvre ce samedi en Corée du Sud. Le président suspendu Yoon Suk Yeol doit comparaître devant le tribunal pour savoir si sa détention sera prolongée. Une audience cruciale, après son arrestation fracassante mercredi à son domicile pour sa tentative avortée d’imposer la loi martiale dans le pays début décembre.
Yoon Suk Yeol est dans la tourmente. Suspendu de ses fonctions par l’Assemblée nationale le 14 décembre, il reste toutefois officiellement le président tant que la Cour constitutionnelle n’a pas statué sur son sort. Mais c’est désormais la justice pénale qui le rattrapé. Mis en examen pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort, il a été placé en détention provisoire mercredi.
Une comparution très attendue devant le tribunal
Les enquêteurs avaient jusqu’à vendredi pour le maintenir derrière les barreaux. Ils ont demandé une prolongation de sa détention le temps de poursuivre leurs investigations. C’est donc sur cette question que doit se prononcer le Tribunal du district ouest de Séoul ce samedi après-midi.
Yoon Suk Yeol a décidé d’assister à l’audience, pour la première fois depuis le début de la procédure. « Il a choisi de comparaître afin de restaurer son honneur en expliquant directement la légitimité de la loi martiale », a indiqué à l’AFP l’un de ses avocats. S’il a affirmé ne pas reconnaître la légalité des enquêtes à son encontre, il a toutefois choisi d’obtempérer pour éviter toute « effusion de sang ».
Un coup de force qui a ébranlé la démocratie sud-coréenne
Yoon Suk Yeol est accusé d’avoir fait vaciller le pays et sa jeune démocratie en déclarant de manière unilatérale la loi martiale le 3 décembre dernier. Un véritable coup de force, même s’il a rapidement été contrecarré par les députés, dans un Parlement cerné par les militaires.
Au moment des faits, le dirigeant conservateur avait justifié sa décision par la nécessité de protéger la Corée du Sud des « forces communistes nord-coréennes » et des « éléments hostiles à l’État ». Une rhétorique guerrière qui n’a pas convaincu et a conduit à sa destitution par l’Assemblée.
La Cour constitutionnelle, arbitre final de son sort
Si le tribunal décidé de prolonger sa détention, Yoon Suk Yeol devrait rester enfermé une vingtaine de jours, laissant ainsi le temps aux procureurs de l’inculper formellement. Dans le cas contraire, il serait remis en liberté dès ce week-end.
Mais même si la justice pénale venait à l’épargner, son avenir politique reste plus qu’incertain. La Cour constitutionnelle a en effet jusqu’à la mi-juin pour confirmer ou infirmer sa destitution votée par le Parlement. Lui seul a le pouvoir de le rétablir officiellement dans ses fonctions de président ou au contraire, de lui retirer définitivement son titre.
Un procès sous haute tension
L’audience de ce samedi s’annonce en tout cas sous haute tension. Le tribunal a décidé de la fermer au public, craignant des débordements. De nombreux partisans de Yoon Suk Yeol se sont en effet massés devant le bâtiment pour réclamer sa libération.
L’ex-magistrat, retranché chez lui depuis des semaines et protégé par son service de sécurité qui lui est resté fidèle, garde pour l’heure le silence face aux enquêteurs. Une stratégie risquée alors que l’étau judiciaire se resserre autour de lui. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour son avenir.