Alors que le spectre d’une chute du gouvernement plane sur l’Assemblée nationale, l’ancien candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a lancé un appel au rassemblement. Dans une interview exclusive, le sénateur de Paris propose l’ouverture d’un « pacte républicain transitoire » entre le Nouveau Front populaire (NFP) et le bloc central si la motion de censure est adoptée mercredi.
Un gouvernement de « front républicain » pour sortir du chaos
Face à l’impasse politique actuelle, Yannick Jadot estime qu’il faut revenir à l’esprit du second tour des législatives de juillet dernier : celui d’un front républicain contre le Rassemblement national. Selon lui, cela implique un rapprochement entre les deux grands blocs qui ont émergé des urnes : le NFP mené par la gauche, et le bloc central issu de la majorité présidentielle.
Pour l’eurodéputé écologiste, la tentative d’alliance entre la macronie et LR, qui a « dérivé en axe Wauquiez-Barnier-Le Pen », n’a pas d’avenir. La seule issue pour « sortir du chaos créé par le président » serait donc d’ouvrir la possibilité d’un pacte républicain transitoire entre le NFP et le bloc central, avec un « accord de non-censure » autour d’un « socle restreint de mesures indispensables pour les Français ».
Des ministres centristes au gouvernement ?
La main tendue de Yannick Jadot va jusqu’à envisager la participation de ministres issus du bloc central à un éventuel gouvernement de « front républicain ». Une proposition audacieuse, alors que jusqu’ici la gauche avait écarté toute coalition avec la macronie. Mais pour l’ancien candidat écologiste, l’urgence de la situation impose de « dépasser les clivages » :
Je parle d’intégrer des personnalités du bloc central, pas forcément encartées, mais qui partagent nos valeurs républicaines et la volonté de répondre aux attentes des Français sur des sujets prioritaires comme le pouvoir d’achat, la transition écologique ou encore l’accès aux soins. Il ne s’agit pas de renoncer à nos combats mais d’être pragmatiques.
Yannick Jadot
Un pari risqué mais nécessaire ?
Si elle se concrétisait, une telle alliance surprendrait sans doute une partie de la gauche, notamment la France insoumise. Pourtant, d’après une source proche de la direction du parti écologiste, « beaucoup sont conscients qu’on ne peut pas se contenter d’être dans l’opposition systématique ». Et de rappeler que même Jean-Luc Mélenchon, en privé, n’exclurait pas totalement un accord de gouvernement avec des centristes sur des mesures ciblées.
Du côté de la majorité présidentielle, la réaction à la proposition de Yannick Jadot oscille entre méfiance et intérêt. Si certains dénoncent « une manœuvre politicienne », d’autres y voient « une porte de sortie à étudier sérieusement ». Un député Renaissance confie ainsi sous couvert d’anonymat :
On ne peut pas continuer avec un pays ingouvernable et une opposition qui refuse tout en bloc. Si Jadot est sincère et qu’on trouve un terrain d’entente sur quelques textes essentiels, pourquoi pas ? Mais ça ne sera pas simple de faire avaler la pilule à nos électeurs…
Les défis d’un gouvernement d’union nationale transitoire
Car au-delà des déclarations d’intention, la mise en place concrète d’un tel « pacte républicain » se heurterait à de nombreux obstacles. Quelles seraient les lignes rouges de chaque camp ? Comment s’accorder sur un programme commun même minimal ? Quelle répartition des postes et quel Premier ministre pour incarner cette union ? Autant de questions épineuses qui devraient animer les prochaines heures si le scénario d’une chute du gouvernement se confirmait.
Mais pour Yannick Jadot, il est urgent d’agir avant que la situation ne se dégrade davantage : « Si on veut éviter le pire, c’est-à-dire le chaos institutionnel et la poussée des extrêmes, on n’a pas le choix : il faut être responsable, se mettre autour de la table et trouver un compromis au service des Français, au moins le temps de retourner aux urnes. L’Histoire jugera ceux qui auront fait barrage au RN et ceux qui l’auront laissé prospérer sur nos divisions ».
Vers un dénouement imminent
La balle est désormais dans le camp des différentes forces politiques. Les tractations s’accélèrent en coulisses à l’approche du vote crucial de mercredi. D’ici là, la proposition de Yannick Jadot aura-t-elle fait son chemin et débloqué la situation ? Réponse dans les prochains jours, qui s’annoncent décisifs pour l’avenir politique du pays.