C’est un voyage officiel qui ne se déroule pas tout à fait comme prévu. Alors que les habitants de Mayotte, île française de l’océan Indien durement frappée par le cyclone Chido, attendent fébrilement la visite du Premier ministre François Bayrou, ce dernier a dû revoir son agenda. Initialement attendu ce dimanche sur le territoire ultramarin, le chef du gouvernement n’atterrira finalement que lundi, a-t-on appris de source proche de Matignon.
Ce report de 24 heures n’entame en rien la détermination affichée par François Bayrou. L’objectif de cette visite éclair : apporter des « solutions concrètes » aux Mahorais durement éprouvés par les éléments déchaînés. Le Premier ministre, qui sera accompagné d’une délégation de cinq ministres, entend bien mettre à profit son « expérience d’élu local » pour répondre au plus vite aux besoins criants des habitants, notamment en matière d’éducation, de santé et de logement.
Une gestion de crise déjà critiquée
Mais avant même de poser le pied sur le sol mahorais, François Bayrou doit déjà faire face aux critiques. Dans une lettre ouverte cinglante, le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a ainsi réclamé au Premier ministre « des actes » pour Mayotte. Parmi les reproches formulés : ne pas s’être rendu « immédiatement » sur place après le passage du cyclone Chido, avoir annoncé la composition de son gouvernement le jour même du deuil national, et avoir « semblé chercher à relativiser l’importance de la catastrophe ».
Des accusations que l’entourage du Premier ministre balaie d’un revers de main. « François Bayrou se rend à Mayotte avec la volonté d’apporter des solutions concrètes aux populations sur place », martèle-t-on à Matignon, mettant en avant « son expérience d’élu local, qui sait apporter des réponses concrètes, et rapides surtout ».
Une polémique qui enfle
Reste que la polémique enfle déjà autour de la gestion de cette crise par le nouveau gouvernement. Nommé Premier ministre la veille du passage du cyclone Chido, François Bayrou avait suscité une vive controverse en se rendant le 16 décembre dernier au conseil municipal de Pau, ville du sud-ouest dont il est resté maire, après avoir participé en visioconférence à une réunion de crise sur Mayotte.
De quoi alimenter les critiques de l’opposition, qui dénonce « l’abandon » dans lequel se trouveraient les habitants des zones les plus sinistrées de Mayotte. « Les débris continuent de s’entasser faisant craindre des risques sanitaires, l’eau et la nourriture demeurent rationnés, l’électricité est coupée pour la moitié de la population et dans le nord-ouest de l’île et dans les bidonvilles rasés, les habitants se sentent abandonnés et attendent des aides », a ainsi fustigé Olivier Faure dans sa missive au Premier ministre.
Un bilan humain toujours incertain
Au-delà de la polémique politique, c’est aussi le lourd bilan humain du cyclone Chido qui inquiète. Si le dernier décompte fait officiellement état de 39 morts et de plus de 4 000 blessés, de nombreux Mahorais restent sans nouvelles de leurs proches. Le chef du gouvernement est d’ailleurs interpellé par les socialistes sur « le travail de recensement des personnes décédées » qu’il reste à accomplir.
Autant de questions brûlantes auxquelles François Bayrou devra tenter d’apporter des réponses convaincantes lors de son déplacement sur l’île aux parfums. Avec en toile de fond, l’enjeu de rassurer une population meurtrie et de prouver la mobilisation pleine et entière de l’État face à ce drame. Un défi de taille pour ce Premier ministre novice, propulsé en première ligne à peine nommé à Matignon.