Le nord de la Syrie est le théâtre de violents affrontements depuis mercredi entre les forces gouvernementales et des groupes jihadistes qui ont lancé une offensive d’envergure contre des territoires contrôlés par le régime de Bachar al-Assad. Selon un nouveau bilan communiqué par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), ces combats, concentrés dans la région d’Alep, auraient déjà fait plus de 140 morts.
Une offensive jihadiste à proximité d’Alep
Des sources proches des belligérants rapportent que les groupes jihadistes, menés par Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui contrôle la majeure partie de la province d’Idleb, ont initié mercredi matin une opération de grande ampleur contre plusieurs villages et positions militaires tenus par le régime syrien dans l’ouest de la province d’Alep et le sud d’Idleb.
Les insurgés auraient notamment réussi à s’emparer de deux villages dans l’ouest d’Alep et de trois autres dans le sud d’Idleb. Certains de ces affrontements se déroulent à moins de 10 km de la ville d’Alep, deuxième plus grande ville de Syrie sous contrôle gouvernemental.
Les combats les plus violents depuis des années
Selon l’OSDH, qui dispose d’un vaste réseau d’informateurs sur le terrain, il s’agit des affrontements « les plus violents » dans ce secteur depuis plusieurs années. Le bilan provisoire fait état d’au moins 141 combattants tués depuis mercredi :
- 71 jihadistes de HTS
- 18 membres de groupes alliés
- 52 soldats et miliciens pro-régime
Les combats, accompagnés d’intenses bombardements aériens et de tirs d’artillerie, se poursuivaient toujours jeudi selon un correspondant de l’AFP sur place.
Une offensive qui menace une autoroute clé
Au-delà des pertes humaines, cette offensive jihadiste pourrait avoir d’importantes répercussions stratégiques. En effet, les insurgés cherchent à couper l’autoroute M5 qui relie Alep, capitale économique du nord syrien, à Damas la capitale politique du pays.
Le contrôle de cet axe routier vital est un enjeu central pour les deux camps. Sa perte serait un coup dur pour le régime.
Un expert militaire syrien
Face à cette menace, l’aviation russe, allié indéfectible du régime de Damas, a intensifié ses frappes aériennes dans la région, visant tout particulièrement la ville de Sarmine dans le sud d’Idleb, selon l’OSDH.
Un secteur sous tension malgré un cessez-le-feu
La zone où se déroulent les affrontements est pourtant théoriquement soumise à un cessez-le-feu négocié en mars 2020 entre la Russie et la Turquie, autre acteur clé du conflit syrien qui soutient certains groupes rebelles.
Malgré cet accord, le calme est toujours resté précaire dans ce secteur, HTS et ses alliés contrôlant toujours la majeure partie de la province d’Idleb ainsi que des portions des provinces voisines d’Alep, Hama et Lattaquié.
Ces développements illustrent une fois de plus l’extrême complexité et l’instabilité persistante du conflit syrien qui a fait plus d’un demi-million de morts et des millions de déplacés depuis 2011. Malgré les victoires militaires du régime ces dernières années, de larges portions du territoire échappent toujours à son contrôle, maintenant le pays dans une situation de guerre larvée.