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Vaccination Polio à Gaza : Succès et Crise Sanitaire

Une campagne de vaccination polio à Gaza défie vents et marées, mais des milliers attendent une évacuation médicale urgente. Que va-t-il se passer ?

Imaginez un enfant de 10 mois, paralysé par une maladie que l’on croyait presque éradiquée. À Gaza, cette réalité a frappé en août 2024, réveillant une urgence sanitaire dans un territoire déjà ravagé. La poliomyélite, absente depuis plus de 20 ans, a refait surface, mais contre toute attente, une lueur d’espoir brille : une campagne de vaccination massive vient de marquer un tournant. Pourtant, derrière ce triomphe, le système de santé vacille, entre manque de fonds et besoins criants. Plongeons dans cette histoire où résilience et désespoir se côtoient.

Un Combat Contre la Polio à Gaza

Quand la polio a frappé cet été, personne ne s’y attendait. Ce virus, qui peut paralyser en quelques heures, a trouvé un terrain propice dans une région fragilisée par des années de conflit. Mais la réponse a été rapide : dès septembre, une première campagne a ciblé les enfants de moins de dix ans. Puis une seconde en octobre. Résultat ? Plus de **95 %** des petits visés ont reçu leurs deux doses de vaccin oral. Un exploit dans un contexte où chaque jour est une lutte.

Et pourtant, le danger persiste. Des prélèvements réalisés fin 2024 et début 2025 ont révélé que le poliovirus circule toujours. Face à cela, une nouvelle opération a démarré en février, bravant pluie et froid. Près de **548 000 enfants** ont été vaccinés sur les 591 000 prévus. Un responsable de l’Organisation mondiale de la santé, depuis Gaza, n’a pas caché sa surprise devant ce succès inattendu. Mais une quatrième campagne est déjà en vue, dans un mois. La bataille est loin d’être gagnée.

C’est un succès remarquable, et personnellement, je ne pensais pas que nous y arriverions.

– Un haut responsable de l’OMS

Pourquoi la Polio Revient-elle ?

La poliomyélite prospère là où les conditions sanitaires s’effritent. À Gaza, les infrastructures sont en ruines, l’eau potable rare, et les déplacements constants compliquent tout. Le virus se transmet par l’eau ou les aliments contaminés, et dans un territoire sous blocus, maintenir l’hygiène relève du défi. Ajoutez à cela une population affaiblie par la malnutrition, et vous avez une bombe à retardement sanitaire.

Ce retour n’est pas un hasard. Il rappelle que les maladies oubliées ailleurs peuvent resurgir là où la guerre fait rage. Mais la mobilisation des familles, bravant les intempéries pour vacciner leurs enfants, montre une détermination poignante. Ce sont ces efforts qui tiennent la polio en échec, pour l’instant.

Évacuations Médicales : Une Course Contre la Montre

Pendant que les vaccins sauvent des vies, des milliers d’autres attendent un miracle. Entre début février et le 24, **889 patients**, dont 335 enfants, ont été évacués vers l’Égypte via Rafah. Depuis octobre 2023, ce sont 6 295 personnes, majoritairement des mineurs, qui ont quitté Gaza pour des soins. Mais les chiffres cachent une vérité glaçante : entre **10 000 et 14 000 patients** critiques, dont plus de 4 000 enfants, restent coincés.

Un expert sur place espère voir bientôt des transferts vers la Jordanie. Avant la guerre, les hôpitaux de Cisjordanie et de Jérusalem-Est accueillaient ces cas. Aujourd’hui, ces couloirs médicaux sont rares. Chaque jour sans évacuation est un jour de trop pour ces malades, souvent atteints de cancers ou de blessures graves.

  • 889 évacuations en février 2025, un effort notable mais insuffisant.
  • 6 295 patients sortis depuis 2023, une goutte dans l’océan.
  • 10 000 à 14 000 en attente : le vrai visage de la crise.

Financement en Péril : Le Retrait Américain

Reconstruire un système de santé dévasté coûte cher. Très cher. Une évaluation récente chiffre les besoins à **7 milliards de dollars**, dont 4 milliards dans les trois prochaines années. L’OMS, elle, demande 648 millions pour 2025 dans les territoires palestiniens. Mais un coup dur vient compliquer tout ça : le désengagement des États-Unis, qui prive l’organisation de **46 millions de dollars** prévus pour Gaza cette année.

Ce manque touche tout : achat de matériel, déploiement d’équipes d’urgence, carburant pour les hôpitaux, évacuations. Sans ces fonds, les efforts risquent de s’essouffler. D’après une source proche du dossier, cette perte fragilise un système déjà à bout de souffle, alors que la demande explose.

Besoin TotalPremières AnnéesManque Actuel
7 milliards $4 milliards $46 millions $

Hôpitaux au Bord du Gouffre

Avant la guerre, Gaza comptait **3 500 lits d’hôpital**. Aujourd’hui, ce chiffre oscille autour de 1 500, après être tombé à 1 110. Sur 36 hôpitaux, seuls 18 fonctionnent partiellement. Quant aux centres de soins primaires, 59 sur 144 tiennent encore debout. Sept hôpitaux de campagne complètent ce tableau fragile. Un hôpital mobile pourrait arriver en mars, mais cela suffira-t-il ?

Plutôt que tout reconstruire, certains proposent de renforcer les structures clés et les soins de base. Une idée pragmatique dans un chaos où chaque ressource compte. Car malgré tout, le système n’a pas totalement sombré, tenu à bout de bras par des soignants héroïques.

Les Héros Oubliés : Les Soignants

Parler de Gaza, c’est aussi saluer ses **25 000 professionnels de santé** d’avant-guerre. Aujourd’hui, peut-être la moitié reste active. Beaucoup de spécialistes ont fui, mais l’espoir d’un retour persiste si un cessez-le-feu durable voit le jour. Ces hommes et femmes, souvent sous-payés et surmenés, incarnent une résilience qui force le respect.

“Ils ne se sont pas effondrés”, note un observateur sur place. Fonctionnant au minimum, ils sauvent des vies dans des conditions inimaginables. Leur courage est le fil rouge de cette crise, un rappel que derrière les chiffres, il y a des humains.

Une résilience qui défie les statistiques et inspire.

Et Après ? Un Futur Incertain

La polio recule, mais ne disparaît pas. Les évacuations avancent, mais trop lentement. Les fonds manquent, et les hôpitaux tiennent par miracle. Gaza oscille entre espoir et abîme, portée par des efforts titanesques et freinée par des obstacles colossaux. Que faudra-t-il pour renverser la vapeur ? Un cessez-le-feu ? Des milliards ? Ou simplement plus de temps ?

Pour l’heure, une chose est sûre : cette crise sanitaire n’est pas qu’un problème local. Elle interroge notre capacité collective à répondre aux urgences là où elles frappent le plus fort. Et à Gaza, le combat continue, un vaccin, un lit, une vie à la fois.

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