En cette période électorale cruciale, les principales institutions d’enseignement supérieur françaises font front commun contre la menace représentée par le Rassemblement National. France Universités, la CDEFM, la Cdefi et la CGE, organisations fédérant universités, écoles de commerce et d’ingénieurs, s’unissent dans une déclaration sans précédent pour mettre en garde contre les dangers d’une éventuelle majorité RN à l’Assemblée nationale à l’issue du second tour des législatives anticipées.
Bien que recevant toutes des financements publics, ces institutions choisissent de se positionner politiquement, estimant que les enjeux dépassent les considérations partisanes. Selon elles, le projet du Rassemblement National met en péril les valeurs fondamentales de la République : l’ouverture, la tolérance, la curiosité intellectuelle et l’esprit critique.
Une politique d’exclusion incompatible avec l’enseignement supérieur
Les grandes écoles et universités pointent du doigt la politique “d’exclusion, de repli, de peur et de rejet de l’autre” portée par le RN, l’estimant inconciliable avec les missions de l’enseignement supérieur. Cette politique compromettrait notamment :
- L’égalité des chances pour toute la jeunesse, quels que soient son parcours, ses origines et son milieu social
- L’accueil d’étudiants et doctorants étrangers, essentiels au rayonnement de la recherche française
- L’indépendance du service public et l’autonomie de la recherche
- La liberté académique et pédagogique des enseignants et chercheurs
Au-delà des enjeux nationaux, c’est aussi une certaine vision de l’Europe que rejettent les institutions, craignant une remise en cause des universités européennes et des programmes d’échanges étudiants comme Erasmus.
Défendre les valeurs républicaines, au-delà des intérêts corporatistes
Les signataires insistent sur le fait qu’il ne s’agit pas là de protéger des “intérêts corporatistes”, mais bien de défendre les valeurs républicaines et “l’esprit des Lumières” qui fonde l’Université et les grandes écoles. Accepter le projet du RN reviendrait selon eux à “trahir ces valeurs”.
Nous ne pouvons accepter le projet politique du Rassemblement national sans trahir ces valeurs et l’esprit des Lumières qui est au fondement même de l’Université et de nos écoles.
Extrait de la déclaration commune
Cette prise de position inédite illustre l’inquiétude suscitée par la percée du Rassemblement National dans le paysage politique français. Elle soulève aussi la question de la place de l’enseignement supérieur et de la recherche dans le débat public, et de leur rôle face aux menaces pesant sur les principes démocratiques.
Reste à voir si cet appel sera entendu par les électeurs à l’approche du second tour, et si la mobilisation du monde académique suffira à contrer la dynamique du RN. Une chose est sûre : la communauté éducative a choisi son camp, celui des valeurs humanistes et universelles, quitte à s’engager sur le terrain politique. Un engagement lourd de sens en ces temps troublés.
